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 Satanica l'histoire en intégralité

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Véro


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MessageSujet: Satanica l'histoire en intégralité   Satanica l'histoire en intégralité Icon_minitime1Jeu 3 Avr - 14:29

Des images ont été rajoutées, pour les voir en plus grand il faut cliquer dessus. Eh oui ce sont des miniatures.

SATANICA

Satanica l'histoire en intégralité Astero11  

1 - An 2030 – Xavier

An 2030, quelque part en Europe, dans un des secteurs les plus surveillés d’un Centre d’études et de Recherches Spatiales : il y a là un groupe de « blouses blanches ». Devant un pupitre, un homme, jeune, a le regard fixé sur un écran … ses pupilles semblent dilatées …
Xavier, astrophysicien au CNES est un passionné de l’univers céleste. Très jeune, l’astronomie et le monde de l’infini sont devenus sa vocation.

Depuis 5 ans qu’il travaille dans ce laboratoire d’études spatiales, il n’a
jamais été aussi inquiet. Il a été contacté par diffusion Intranet reliant tous les
centres de recherches et laboratoires d’astrophysique, Xavier est considéré
comme l’un des meilleurs de sa profession en Europe.

Les chercheurs observent avec une terreur grandissante la projection d’une masse céleste volumineuse se déplaçant à une vitesse effrayante.

La météorite observée s’éclate en un bloc énorme, accompagné de milliers de particules qui semblent toutes s’orienter vers une seule destination : La Terre.

Pourquoi cette pluie de cailloux ne se désintègre-t-elle pas dans l’atmosphère? Apparemment et sans plus d’explication plausible, elle parait comme attirée par l’attraction terrestre aussi fascinante qu’inquiétante.
A cette allure et si elle ne dévie pas sa direction, l’impact sur la Terre risque de se décrire comme un scénario catastrophe à brève échéance.


2 - Genève, an 2030 – Andrew Mc Arthur

Lord Mc Arthur, 45 ans, baron écossais de vieille souche est ingénieur, il s’est installé en Suisse depuis 15 ans avec sa famille. Il dirige plusieurs entreprises de recyclage implantées dans diverses villes d’Europe.

C’est un homme puissant, riche, intelligent. Il est néanmoins sympathique et simple. C’est aussi un homme profondément humain Visionnaire, son esprit projette parfois des images d’un futur proche ou lointain. Un don sans doute ou une intuition aiguisée par une intelligence hors normes.

Dans tous ses projets, il s’appuie beaucoup sur sa compagne. Cécilia, 40 ans, est sa muse, elle a toujours vécu volontairement dans l’ombre de son époux, elle irait jusqu’au bout du monde, pour lui … Deux enfants sont nés de leur union : Peter, 18 ans, étudiant de 1ère année dans une prestigieuse école informatique et Lizbeth, 15 ans, encore lycéenne.

Ce n’est pas un hasard s’il a fait le choix de la Suisse pour se faire construire une magnifique maison en plein cœur de Genève.
Déjà 25 ans… songe-t-il …  chaque jour, chaque nuit, chaque heure …  son rêve-cauchemar le poursuit. Il est inquiet, mais il sourit : il se souvient. Il avait fallu ruser, construire les bases de la maison … et arrêter … puis embaucher à prix d’or les personnes compétentes, demander le secret, de ne pas poser trop de questions. Faire confiance …
Qui pourrait se douter que la porte anodine à coté du garage cache un ascenseur – ou plutôt un descenseur – qui, par palier de 30 mètres, conduit jusqu’à quelques 500 m sous terre à un vaste abri, un véritable village ?

De fait, les quelques rares fois où il a voulu en parler, il a été pris pour un doux rêveur, quand ce n’est pas pour un fou. Ce qui lui a valu une exclusion, non dite, mais réelle, de la « bonne société genevoise ».
Cela lui a plutôt servi et il a continué à faire avancer son projet, pas à pas. Tandis que s’élevait la maison, la cité souterraine prenait corps …

Lancinante, une phrase avait rythmée toutes ces années : les cinq éléments de la vie sont l'eau, le sol, l'air, la lumière et la température. Voilà. Tout est là. Que cela semblait simple, et pourtant, que tout ça était compliqué !
Il avait fallu 10 ans pour imaginer, dessiner et finaliser ce projet fou, dans la phase de construction. Chercher les meilleurs parmi les meilleurs, convaincre des centaines de personnes à oublier tout ce qui était leur vie, afin de se mettre au service de ce qui pouvait être un ultime sauvetage … ou une utopie !
Et sa cité, « la Cité » existait … enfin ! … elle est prête à accueillir ceux et celles, hommes, femmes, et surtout enfants pour qui elle avait été créée … peut-être … demain ? après-demain ? dans un an ? 10 ans ? jamais ? il ne sait pas. Pas vraiment … mais il y croit, au fond de lui, il est sûr. Et il la connaît par cœur, sa cité !


3 – Espéranza : La « cité » sous la ville
Satanica l'histoire en intégralité Espara10

Niveau –17, au plus profond de la cité palpite le réacteur nucléaire, objet de toutes les attentions. Il fournit électricité et chaleur. C’est aussi lui qui permet de réguler le débit de l’énorme pompe et qui distribue l’eau. Cette eau si précieuse qui vient du fleuve Rhône, et dont une partie avait été habilement détournée, pour être utilisée, nettoyée et enfin rendue au fleuve. Ici aussi se trouvent les installations d’air respirable et les divers compresseurs. C’est également à cet étage que se trouve l’incinérateur de déchets.

Au dessus se trouvent les divers entrepôts, ateliers, forges, etc … toute la mécanique, l’ingénierie … Un étage au dessus et ici est le domaine de l’informatique, des supers ordinateurs qui supervisent et gèrent toute la cité. Des chercheurs en cybernétique travaillent à faire naître les robots de demain, capables de palier aux déficiences humaines …
A ces niveaux, plus de 150 personnes, hommes et femmes,  s’activent et se relayent jour et nuit.

Un étage plus haut encore : les caves pour les vins, liqueurs de tous genres, frigos et  réfrigérateurs immenses, plein jusqu’au bord, entrepôts où s’alignent des conserves de tous genres, nourritures de toute culture …

Viennent alors 2 étages, 10 et 11 encore vides de toute vie, mais qui sont l’âme et la raison de cette cité. Là s’alignent des centaines de containers d’hibernation, capsules de survie autonomes capables de mener à bien leur mission durant un siècle et peut-être au delà …

Un personnel important vit et continuera à vivre en autarcie complète en ces lieux.  D’autres viendront gonfler leur nombre : personnel médical, ingénieurs, chercheurs, chimistes …
Ils dorment à tour de rôle, une équipe toujours vigilante : des veilleurs. Deux étages abritent leurs chambres, les salles d’eau, les toilettes et entre les deux se trouvent les cuisines, la buanderie, la lingerie, la salle de sport.

étage 6 : une porte vitrée, fermée et une grande croix rouge indique que nous sommes à l’étage de la médecine : infirmerie, laboratoire, entrepôt médical et même une salle d’opération avec du matériel dernier cri. Une dizaine de chambres complète cet étage.

Oui, il la connaît par cœur, sa cité ! Et aujourd’hui, il veut voir si le sable de l’espace aquatique a bien été mis en place. Lord Mc Arthur se dirige vers son garage. Il ouvre la petite porte à coté de l’entrée, et appuie sur un bouton. Quelques microsecondes plus tard, un « ding » retentit et une porte coulissante montre une cabine d’ascenseur. La porte se referme et d’office, descend d’un étage. La porte coulisse et Mc Arthur pénètre dans le sas de décontamination. Il baigne bientôt dans une brume verdâtre.
Il reprend l’ascenseur, et délaissant l’étage où sont rangés vêtements, outils divers, petits véhicules, il appuie sur le bouton – 3.

Il est immédiatement plongé dans un air tiède, sous un vrai-faux ciel d’un bleu  d’azur. Poussés par les ventilateurs invisibles, de petits nuages blancs voltigent. De chaque coté de l’allée de gravier s’épanouissent des buissons de fleurs : lauriers roses, bougainvillées, rosiers multicolores … Une fontaine carrefour chante … il continue son chemin en foulant une herbe grasse et odorante, piquée de pâquerettes et de coucous. Il débouche, par une pente douce, aux abords d’un petit lac … quelques seaux, petites pelles, des serviettes semblent avoir été jetées sur le sable blanc et doux..

Il finit sa visite un étage plus bas, traverse  l’immense serre-jardin où des jardiniers « cueillent » des pêches et des raisins … d’autres, plus loin, ramassent des haricots, des salades … il arrive en bordure de la forêt : il emplit ses poumons de cette odeur si particulière, faite d’humus, de champignons, et de feuilles tombées …
Il prend la navette automatique qui traverse chaque niveau et rejoint la surface.


4 – Satanica

Les principaux responsables des observatoires astronomiques d’Europe décident d’organiser une conférence urgente au vu du risque « météorite ». C’est Annabelle, ingénieure et responsable du service communication au CNES qui est chargée de préparer la rencontre. Il est urgent et impératif d’avertir les hautes autorités des Etats du danger qui approche.

Les responsables gouvernementaux européens sont invités à assister à cette assemblée d’extrême urgence. Le lieu choisi est Genève, en Suisse. Au nord de la ville, où il y a un pôle d’études scientifiques qui s’étend sur plusieurs hectares. Conçu dans une architecture moderne et adaptée, il possède son propre Héliport et est entouré d’un parc boisé, à proximité d’un hôtel de grande classe. En faisant le choix de Genève, Annabelle a une idée en tête : elle  doit voir Lord Mc Arthur. Grand ami de son père, il est aussi son parrain. Elle lui voue une profonde admiration et il lui a confié qu’il avait besoin de lui parler, le plus vite possible. Elle a donc prévu de partir une journée plus tôt et doit le retrouver chez lui.
Annabelle a donc beaucoup de travail. Pourtant, ses pensées volent sans cesse vers Xavier, elle est inquiète …

Xavier qui est d’un naturel anxieux, dort très mal depuis plusieurs jours, tournant le problème de la comète dans tous les sens. Mais à force de calculs et d’équations, il s’accable de migraine et d’insomnie, s’obstinant à nier l’évidence.

Ce soir il reçoit un appel d’Annabelle. Ils sont amis d’enfance et ont fait une bonne partie de leur scolarité sur les mêmes bancs du lycée, puis à la fac et l’école d’ingénieurs. Entré trois années plus tôt au CNES, il n’a pas hésité à encourager sa candidature après qu’elle ait poursuivi son cursus dans la filière « communication ».
C’est comme un étrange soulagement à l’idée de passer la soirée en sa compagnie. Mais peut-on ressentir un semblant d’apaisement en présence d’une amie chère et fidèle à quelques semaines d’une mort inévitable ? Cette pensée le fait presque rire, confronté à l’ironie du sort !
Ils se retrouvent le soir dans un petit restaurant du quartier de Xavier et même si son état d’esprit s’apparente plutôt à une crise d’angoisse, il s’efforce d’avoir l’air souriant et calme auprès elle.

Au cours du repas,  après avoir discuté de thèmes légers et superficiels, Xavier lui raconte le cauchemar qui le persécute depuis plusieurs jours, depuis la découverte de celle qu’il a surnommée « Satanica » : la comète expulsée de l’Enfer.
Après démonstration de différents calculs qu’il lui explique, Annabelle l’invite à l’accompagner à la réunion de Genève.
« Nous partons dans 5 jours exactement… non, dans 4 jours : j’oubliais « l’oncle Arthur » !! tu ne le connais pas, mais je veux que tu m’accompagnes, je dois le voir chez lui, je t’expliquerai tout, prépare ta valise. »

5 – Des questions difficiles …

Sir Mc Arthur n’a jamais pensé à ceux qu’il voulait essayer de sauver en termes de rapports ou de finances : hors de question de demander un centime, et hors de question de favoriser certaines personnes, parce que faisant partie de la classe dirigeante ou ayant de l’argent …

Non, ses critères sont autres : outre lui même, sa famille et quelques amis, il désire confier l’avenir de la planète à des jeunes hommes et femmes  en excellente santé, honnêtes et courageux. Beaucoup de containers sont de petite taille : là dormiront les enfants, hommes et surtout femmes qui repeupleront peut-être, un jour, la terre …
Depuis des années, il cherche, avec ses équipes,  LA solution, LA réponse à cette question : qui allait rejoindre la cité souterraine et comment …

Il pense avoir encore du temps, mais tout est prêt, il est important de mener à bien le projet, urgent de préparer l’ultime « voyage dans le temps », selon les termes choisis par les « initiés ».
Il a parlé longuement à sa femme, à ses enfants … Sa femme : Cécilia a vécu le projet de son époux de l’extérieur. Elle en est pleinement partie prenante, mais a du mal  à réaliser.
Ses enfants : Peter, 18 ans et Lizbeth, 15 ans, rient aux éclats, se moquant de lui gentiment. Bien sûr, les sectes alarmistes hurlent sur les places, des dingues montrent comment préparer des abris, certains scientifiques demandent en urgence la reprise des programmes spatiaux … mais le concert cosmique du groupe AbyssIV est leur préoccupation première…. Et il fait si beau !

Le coup de fil d’Annabelle lui met le cœur en joie. Il sait qu’elle, au moins, l’écoutera, l’aidera aussi, espère-t-il … De plus, il a hâte de connaître le jeune Xavier : du peu que lui a confié sa filleule, il a perçu qu’IL serait un des éléments clés du futur proche … et lointain !


6 –  Christiansen

Christiansen n’est ni prophète, ni gourou. Il a développé à l’extrême ses dons de médium, voyance et transmission de pensée. Il est né dans la mouvance du new-age, un « soi-disant enfant indigo ». Il connaît ses capacités, mais ses limites aussi. Il a surtout étudié toutes les technologies de communication, toutes ces machines merveilleuses qui n’arrêtent plus d’aller toujours plus loin,  plus haut !

Dans les années 2005, il a lancé plusieurs réseaux sociaux et s’est ainsi enrichi sans qu’il sache lui même le montant de la fortune amassée.
Mais ce qui fait surtout la richesse de Christiansen c’est l’amour qu’il exprime, qu’il donne : ses conférences « en espace » (spectacle musical holographique) sont suivies par des milliers d’étudiants.  Il n’est d’aucune religion, mais se dit proche de toutes. Jésus côtoie Allah, Bouddha, Yahvé, Vishnou, Quetzacoatl et Pachacamac !!!

Depuis quelques années, partout dans le monde, il a peu à peu sélectionné des centaines de jeunes avec qui il entretient des relations « spirituelles » privilégiées. Et cela fait deux ans  qu’il partage avec eux une sourde inquiétude : il ressent des vibrations négatives, il pressent  quelque chose de très grave pour le monde, dans un avenir proche. Il sait aussi  qu’un sauveur est à l’œuvre, non un dieu, mais un homme.
A force de recherche, il l’a trouvé : il sait qui il est, où il est ……. il est temps …

7- Départ pour Genève

Ce jeudi 20 juin 2030 Annabelle et Xavier partent très tôt le matin en direction de Genève.
Au cours du voyage Xavier regarde les différents paysages traversés, ému par tant de beauté que la Terre offre en spectacle au regard, si attristé à l’idée que toute cette richesse s’approche d’une échéance désastreuse.

Annabelle désirant rompre le silence pesant et angoissant lui parle de Lord Mc Arthur. Elle le décrit comme un homme de grande valeur et surtout de cœur, qui est aussi humaniste qu’intelligent. Elle est persuadée qu’Andrew et Xavier s’entendront très bien. « Je lui ai beaucoup parlé de toi aussi »

Ils arrivent en soirée à Genève, invités dans la magnifique demeure de Mc Arthur dans un quartier résidentiel de la ville. La bâtisse révèle une architecture très originale entourée d’un immense jardin sublimement entretenu où poussent des végétaux de toutes sortes. Au fond du jardin Xavier aperçoit une sorte de véranda pourvue d’un toit en panneaux solaires.
Ce lieu en pleine ville est impressionnant par sa splendeur, sa richesse végétale et sa grandeur.
Accueillis chaleureusement par Cécilia, ils sont invités au salon en attendant qu’Andrew arrive. Elle les fait asseoir et leur sert un apéritif.

Au bout de 10mn le parrain d’Annabelle arrive en s’excusant pour ce léger retard, leur expliquant qu’il a du vérifier quelques détails d’importance concernant le projet qu’il appelle : « sauvetage planétaire »

Très rapidement ils abordent le sujet clé : le cataclysme Satanica. Andrew observe attentivement les réactions d’Annabelle et Xavier au cours de la discussion pensant que leur intelligence et leurs émotions sont mises à rude épreuve.

Il leur parle alors de la cité souterraine, expliquant qu’il avait ressenti depuis très longtemps comme une sorte d’intuition, sous la forme d’un rêve obsédant où la planète allait  subir la plus importante catastrophe de tous les temps. C’est ainsi qu’il avait eu l’idée de bâtir une ville entière sous la terre.
Il leur dit les nombreuses années d’études, la difficulté d’en trouver les moyens, les idées et parvenir à créer un projet réaliste où toute une population sélectionnée viendrait vivre en s’intégrant à une nouvelle forme d’existence en autarcie avec des moyens indispensables à la survie.

Le plus compliqué, explique-t-il, fut de trouver suffisamment de personnel et de collaborateurs de confiance qui acceptèrent d’intégrer mon groupe de travail en leur expliquant pourquoi cette initiative peu banale devait avoir lieu. Le choix humain ne se fait pas n’importe comment.

Restait également la difficulté de savoir qui allait entrer dans la cité souterraine où toute une nouvelle génération devrait survivre pendant on ne sait combien de temps à l’intérieur de l’abri. Il est impensable d’avoir à choisir qui va peut-être vivre et qui est condamné à une mort effroyable….

Ensuite il invite Xavier à prendre la parole en expliquant qu’il tient à connaître tous ses calculs, car le calendrier prend évidement toute son importante. Il lui posa alors cette question : Combien de temps nous reste-t-il ?

8- Préparation

La soirée se prolonge tardivement. Xavier en grand mathématicien étale devant Andrew tous ses calculs.
« Nous observons que la météorite se déplace à une vitesse de 40km/seconde et que rien ne semble la freiner, ni la désintégrer, sachant que sa distance jusqu’à l’atmosphère terrestre est de plus de 400 000 000 kms, il nous reste donc 4 mois avant son impact. Ceci dit d’un point de vue tout à fait théorique. »

Puis Xavier demande à Mc Arthur de lui parler d’Espéranza.

Evidemment Andrew attendait bien la question. Il leur propose la visite de sa ville souterraine.
« Je vous encourage à bien vous reposer et nous irons demain matin en visite sous terre. Mais avant de nous séparer qu’avez-vous préparé pour la réunion de demain ? »

Annabelle explique d’abord qui sont les importants invités
« Nous en viendrons directement à l’essentiel et je proposerai à Xavier de dresser devant l’assemblée un résumé de ses calculs. Ensuite je suppose que les dirigeants voudront présenter les moyens les plus puissants qui existent afin de contrer et détruire la météorite avant son arrivée dans l’atmosphère »

Mais Xavier n’y croit pas du tout, comme il semble l’exprimer sur un air de désolation. Il est en proie à une vive émotion. Puis elle s’adresse à son parrain

« J’avais aussi prévu que tu prennes la parole pour expliquer ce que représente ta cité de l’espoir. Cette intervention orale risque d’être très difficile pour toi. »
Mc Arthur se tait puis invite ses amis à regagner leur chambre pour se reposer.
« Rassurez-vous mes très chers, cela fait des années que j’y réfléchis. A demain dès l’aube pour une journée historique. »

Le lendemain matin Annabelle et Xavier se lèvent tôt et vont prendre un petit déjeuner à redonner goût à la vie. Andrew, jamais dépourvu de son humour même confronté au pire, leur dit avec un sourire rassurant :
« Mais nous ne sommes pas encore morts alors profitez encore des moments de plaisir que la nourriture terrestre peut vous apporter »

Aussitôt prêts les deux jeunes complices très excités descendent visiter la fabuleuse cité Espéranza. Jamais ils n’auraient pu imaginer que son entrée était sous la maison. Au fur et à mesure de la visite commentée, Xavier est de plus en plus ébahi, pensant en dévisageant Andrew, « Mais cet homme est un génie ! »…

9- Réunion de la plus haute importance

Annabelle,  en grande oratrice de circonstance est chargée de présenter le plan de la réunion.

Fébrile mais sûre d’elle, la belle scientifique invite tous les membres de cette assemblée extraordinaire dite « d’extrême urgence » à prendre place. Le Président des Etats libres d’Europe, les Gouverneurs des 20 plus grandes nations européennes  ont fait le déplacement pour y assister. Annabelle précise l’envergure de la catastrophe à prévoir et invite Xavier à expliquer les calculs en vitesse/temps/distance avec une description du scénario catastrophe auquel il faut s’attendre.

C’est alors que les langues se délient dans la salle. Le gouverneur luxembourgeois s’adresse directement à Xavier, l’interrogeant sur sa capacité à émettre un pronostic fiable pour un tel cataclysme… Vu son jeune âge, il doute de son expérience et de sa maturité.

Xavier déjà très nerveux est fou de rage. Il se défend face à l’affront de cet intellectuel politicien qui ne semble rien connaître en calcul astronomique et qui,  plutôt que de poser des questions sur ce qu’il vaut, ferait mieux de trouver un plan de sauvetage avant la catastrophe. Des calculs faits avec la meilleure précision possible ne se vérifient pas en fonction de la notoriété ni de l’âge de celui qui les détermine, s’ils sont chiffrés avec la rigueur et le sérieux qui s’imposent !

Puis dans l’assemblée un autre se distingue, cherchant probablement à calmer le débat. Il  semble avoir trouvé LA solution avec une simplicité déconcertante : ne suffirait-il pas de dévier la météorite avec un tir nucléaire bien ajusté depuis une des 10 stations spatiales ?
Rien de plus simple.

Xavier, malgré les critiques de son auditoire, explique que la météorite n’est certainement pas d’une matière ordinaire, mais bien différente de la plupart des cailloux de l’espace. Elle aurait dû se désintégrer bien avant son arrivée dans notre galaxie et donc, face à cette inconnue, les scientifiques ignorent les conséquences possibles d’un impact avec une bombe nucléaire.

Les membres de l’assemblée s’animent avec une agitation inquiétante plongeant l’ambiance dans une hystérie incontrôlable.

Enfin, après un semblant d’accalmie, Annabelle tente de reprendre la parole pour présenter Lord Andrew Mc Arthur. Il arrive avec assurance et dignité face à un public qui parait par avance se moquer de son discours. Après tout que peut-il dire de plus ?

C’est alors qu’il aborde non sans difficulté l’existence d’Espéranza, sa ville souterraine. Son explication l’oppose à un autre dilemme. Comment expliquer à cette assemblée de dirigeants qu’il va devoir sélectionner la nouvelle génération d’habitants de sa ville !!! Puisque les critères sont : l’intelligence, la morale, la santé, les valeurs du courage, d’abnégation, de curiosité et surtout l’âge. Mais ne seront jamais admises la notoriété, ni le pouvoir et encore moins la richesse.

C’est alors qu’un tollé monumental l’affronte à son auditoire puis il est déconcerté par un éclat de rire très méprisant
« Comment avez-vous pu imaginer qu’une génération de personnes presque symboliquement parfaite pourrait vivre sous terre Je serais bien curieux de visiter votre ville Espèr…. Quoi ? Vous vous méprenez en croyant être le sauveur universel ! »
Mc Arthur ne répond pas et quitte l’assemblée avec un air de dégoût.

Présent mais très discret il y a là un homme assez jeune se faisant passer pour un diplomate  de la haute société mais qui n’est autre qu’un espion envoyé pour le compte de Christiansen, son maître spirituel. A la fin de la réunion il envoie depuis son ordinateur portable un rapport de tout ce qu’il a entendu.

L’assemblée s’achève, laissant chacun confronté à la perplexité du fléau qui arrive à une vitesse effrayante.

Il ne reste que 4 mois, 5 tout au plus, avant l’arrivée de Satanica. Les dirigeants des pays européens décident la propulsion de plusieurs projectiles nucléaires très puissants vers la météorite redoutable.

Le soir en rentrant chez lui en compagnie d’Annabelle et Xavier, Andrew reçoit un appel. C’est Christiansen en personne qui souhaite de voir de toute urgence, après les présentations d’usage. « Demain ! Je suppose que vous serez ravi de rencontrer ma filleule et son ami d’enfance. »


10 -  L’appel

12-13 août 2030
La nuit vibre de mille rumeurs, des couleurs fluo zèbrent le ciel au point que les étoiles palissent … relayée de continent en continent, la conférence « en l’espace » de Christiansen circule de faculté en faculté. Plus qu’une conférence, c’est un appel à se mettre en route, un message que les jeunes ont perçu au plus profond d’eux-mêmes.

Des centaines d’étudiants et d’étudiantes ont quitté leur fac, leur domicile, leur famille,  leur ville, sans un sac, sans valise, laissant sur place tous leurs moyens de contact : ordinateurs, Iplus30, radium, sans une seule parole, malgré les questions et les inquiétudes des adultes …

Ils utilisent toutes les possibilités de transports. Sur les toits terrasses, les éliocars prennent l’air, les voitures magnétiques sont mises sur les rails … tout se qui roule, vole, flotte est utilisé pour remplir la mission qui leur est confiée.
Ils ont en eux les paroles de leur guide :
« Le temps ultime est venu. Quittez vos maisons et mettez vous en route. Un sauveur vous attend dans la ville des Nations Unies … En chemin, chacun de vous prendra sous son aile 2 enfants orphelins : dites mon nom, on vous les confiera en confiance. Je vous ai préparé le chemin … Maintenant : Allez ! »

Peut-être que, quand le mystère est trop impressionnant, trop grand, on ne peut qu’obéir : toutes les portes s’ouvrent devant eux, on ne leur pose aucune question. Eux mêmes ne savent pas vraiment pourquoi ils avancent, ni vers quoi ils vont, mais pas une seconde ils n’hésitent sur le pourquoi ni le comment.

C’est ainsi qu’Andrew Mc Arthur voit arriver des jeunes gens, des jeunes filles, entourés d’enfants qui courent, dansent, chantent, en se tenant par la main. Une petite fille, jolie brunette aux yeux clairs demande si elle peut entrer avec son chien. De minute en minute, d’heure en heure, ils arrivent, sans cesse plus nombreux … les pelouses se couvrent d’engins de toutes sortes qui débordent sur les larges avenues bordant la propriété.
Dans un déchaînement de sirènes et lumières, les forces de police essaient d’enrayer le flot, de libérer les rues … mais peu à peu, ils se retirent avec des signes de la main : encore un mystère ?
C’est alors que, comme averti par un signal, toutes les têtes se lèvent à l’arrivée d’une belle navette blanche et or. Tout de blanc vêtu un homme encore jeune en descend. Il sourit, avançant les bras tendus, les mains ouvertes. Et tous le reconnaissent : Christiansen !
Vient le temps du partage et de la parole : ils se racontent les menues aventures de la route parlant tous en même temps, riant, heureux d’être là, ensemble.

11 - Aujourd’hui … pour demain

Les portes d’Espéranza s’ouvrent, libérant les équipes venues accueillir les arrivants. Déjà les médecins font les premiers examens, les dentistes vérifient les dentitions … ne rien laisser au hasard, l’avenir de la planète se joue peut-être là.
De fait, de temps en temps, un jeune homme, une jeune fille ou un enfant s’éloigne, se retourne, le temps d’un signe de la main et disparaît …
La majorité des jeunes et des enfants, après ces tous premiers examens, sont dirigés vers l’entrée de la cité souterraine. C’est par un escalier qu’ils descendent plusieurs étages, se laissant guider par une voix venue de nulle part … une voix qu’ils comprennent dans leur langue, qui leur raconte leur présent, qui va devenir leur passé, une voix qui leur explique aussi l’effrayant monstre qui avance vers leur terre, une voix qui les apaise et leur explique qu’ils sont les ancêtres de demain … s’ils le veulent.
Quelques chiens et chats ont suivi les enfants,  ne voulant pas être séparés de leurs jeunes maîtres ou maîtresses. Auscultés à fond par un vétérinaire, ils se révèlent en excellente santé. Tout le monde souhaite les garder. Comme les enfants, ils seront mis dans des caissons d’hibernation.

Pour l’instant, ils suivent le mouvement et tous s’installent dans le jardin odorant, proche du lac. Les enfants courent sur le sable, insouciants. Il y a là nourriture et boisson, de quoi refaire leurs forces. Ils ignorent qu’avec les aliments ils absorbent le vaccin de longévité – créé par les scientifiques à partir de sang de tortue géante des Galapagos -   et d’autres substances qui prépareront leur très long sommeil.
Ils obéissent à la voix, et celle-ci les appelle, 20 par 20, à coiffer un casque. En une heure, ils apprennent l’espéranto, qui sera désormais leur langue commune. Ils apprennent l’essentiel de leur mission, de leur devenir, peut-être …

12 – Complicité et Amitiés

Dès qu’Andrew et Christiansen se regardent, ils savent qu’ils sont artisans d’un même projet, d’une même action, d’un même vouloir. Les deux hommes se dirigent ensemble vers l’ascenseur conduisant à Espéranza city.
Christiansen veut tout voir, tout savoir, tout comprendre. Déjà, dans sa tête, il imagine un réseau complexe, qui va permettre de communiquer sans aucun fil, non seulement à l’intérieur de la cité, mais aussi, quelque soit la météo, les conditions atmosphériques avec l’extérieur : voir et entendre se qui se passe dehors … et peut-être assister en direct à la fin de ce monde.
Il va se servir de tout ce qui permettra aux ondes de rebondir : objets, bâtiments, et même planètes …

Niveau –15 : Xavier, entouré d’une équipe d’informaticiens, met en place tous les logiciels utiles pour suivre la course infernale de « Satanica » qui a encore grossi. Depuis quelques heures pourtant, il semble que « quelque chose » a changé … Il a repris ses calculs, il espère un miracle, il veut y croire …

Au même moment, dans la section entrepôts, Annabelle et Cécilia préparent des rations-repas. Elles se connaissent depuis longtemps et une grande complicité unit les 2 femmes. Cécilia prend peu à peu la mesure de ce qu’a réalisé son époux. Désormais, elle sait que sa place est près de lui, là, au cœur de la cité.

Il y en a deux qui ont aussi beaucoup changé, mûri : Peter et Lizbeth ont l’impression d’avoir subitement vieilli de dix ans. Ils ont beaucoup échangé avec les jeunes arrivants, avec Xavier, avec Christiansen surtout … Ils ont vu la météorite, ils ont senti au fond d’eux mêmes ce « poing » tenaillé, serré leurs entrailles. Ils ont peur … oui, mais surtout ils voient leur père avec un regard neuf … et ils sont fiers et heureux d’être utiles, enfin ! C’est spontanément qu’ils ont rejoint les enfants, ces petits sont désormais leurs frères, leurs sœurs, ils savent qu’ils feront tout pour les protéger.

13 – Dormeurs, Veilleurs …

Satanica l'histoire en intégralité Endorm10

Au fur et à mesure de leur arrivée, les enfants, les jeunes, guidés par les équipes de spécialistes, sont examinés, toutes leurs caractéristiques, leur savoir, leur potentiel, leur « spécialité », leur faiblesse, bref, tout est enregistré, répertorié. Puis, ils rejoignent les caissons d’hibernation : le grand sommeil envahit leurs corps, leurs âmes …  Puissent-ils rêver à un avenir heureux … niveaux 10 : les petits de 5 à 12 ans. … niveau 11 : les plus grands, de 13 à 18 ans.
Ils seront instruits durant leur sommeil. De même, régulièrement, ils seront en éveil, pour des contrôles, des examens … ainsi garderont-ils aussi contact avec la réalité.
Ils ne vieilliront que très peu. Grâce au vaccin, 15 ans leur seront comme une semaine …

Pour les « Veilleurs », le temps s’écoulera de même. Les vaccins permettront à leur corps et à leur cerveau de rester « en l’état ». Déjà, depuis 5 mois, une équipe est en pause hibernation. Si tout se déroule normalement, elle se réveillera dans un mois, et une autre prendra sa place.
Une centaine de personnes s’active dans les différents secteurs. Ils vivent, mangent dorment, font du sport, se promènent, et travaillent … Des amours éphémères éclosent … pas de risques : des contraceptifs sont directement distribués dans la nourriture.

Là haut, « Satanica » poursuit sa route …

14 -  Missiles :  Objectif : Satanica

20 Août 2030 : Annabelle est désignée comme responsable de la communication. Elle est aussi en relation avec les dirigeants gouvernementaux qui l’ont informée du lancement de quelques missiles en direction de Satanica.
D’après les calculs estimés, ils devraient atteindre leur cible dans quelques semaines aux alentours du 17 septembre.
Régulièrement, Annabelle propose une réunion en salle de conférence à l’étage -5 de la ville souterraine. Elle fait le point sur la situation avec beaucoup de précision et de courage, sachant que la plupart de ceux qui l’écoutent ont peur. Elle s’oblige à être rassurante mais réaliste. Elle est charismatique et douée d’un étonnant sang froid. Les responsables de chaque secteur sont invités à ses réunions.

Niveau – 13 d’Espéranza.
Installé avec son équipe, Xavier reste vigilant mais il est toujours très inquiet. Il observe chaque jour le déplacement des missiles qui s’approchent à très grande vitesse de la gigantesque météorite. Il est bien conscient que les fusées de destruction auront un impact important sur la cible mais il en ignore les conséquences.

Très souvent il reçoit la visite de ses amis Annabelle, Christiansen et Andrew qui suivent avec lui la course de Satanica et des missiles.

16 septembre 2030 : J- 3. Dans la salle de conférence sur un écran géant ainsi que sur réseau d’ordinateur et télédiffusion, chaque habitant d’Espéranza peut suivre en direct ce que voit Xavier et son équipe technique. La population est de plus en plus soucieuse ou inquiète … seuls quelques jeunes ou enfants, encore éveillés,  heureux de la nouvelle vie qui leur est offerte,  ne semblent guère préoccupés par ce qu’il se passe sur Terre ou dans le ciel, témoignant là de l’insouciance de la jeunesse.

15 -  Missiles : L’impact

Satanica l'histoire en intégralité Explos10

19 septembre 2030 : J-2h. La salle de conférence est pleine. Sur tous les écrans d’ordinateurs et sur la chaine télé locale d’Espéranza chacun suit les dernières minutes avant l’explosion. Les états psychologiques sont différents selon l’âge, le caractère et les croyances ou superstitions de chaque personne. Certains sont fébriles, peureux, incrédules, nerveux, d’autres curieux et on voit même des optimistes !

Effet Bing bang. L’image calculée et grossie sur les écrans montre de façon très visible l’impact des fusées explosives avec la météorite. Cela ressemble à la naissance de plusieurs soleils crachant des flammes gigantesques et creusant des cratères de volcan à la surface de Satanica. Mais pour les yeux de Xavier, il semble évident que cela ne suffira pas à détruire le puissant fléau de matière inconnue. De toute sa force elle ironise avec tout ce qui tenterait de la toucher.

Les jours suivants Xavier a le sentiment de perdre le contrôle de tout ce qu’il a appris ou croyait savoir. Satanica a bien modifié son comportement : sa course devient elliptique !
L’espoir qu’elle s’oriente ailleurs et qu’un miracle soit possible s’amenuise de jour en jour et d’heure en heure…

16 - Premières visions d’un cauchemar … Panique.

Espéranza retient son souffle. Chaque veilleur accomplit sa tâche de son mieux, tout en gardant un œil rivé sur l’écran présent dans chaque salle de la cité. La météorite a explosé sous le feu des missiles … On pourrait penser que cela réduit d’autant le danger. Il n’en est rien. Au contraire, c’est maintenant une dizaines de blocs qui se rapprochent inexorablement de la terre et chaque impact sera plus destructeur qu’un millier d’Hiroshima !  

La mise en orbite elliptique de Satanica bouleverse tous les calculs. Xavier ne peut que constater qu’à chaque révolution, la météorite se rapproche de l’atmosphère  terrestre : Elle sera bientôt visible à l’œil nu !
Le temps ne signifie plus rien … on attend …

Le réseau sans fil imaginé et mis en place par Christiansen fonctionne à merveille. Dans la grande salle de conférence, chacun peut voir et entendre ce qui se passe à l’extérieur.
Rien de ce qui transite par les réseaux ne peut être gardé secret.
Les médias ont pris les choses en mains, et tous les écrans du monde diffusent en boucle images et informations, la plupart du temps erronées.

21 septembre 2030 : La panique s’est généralisée. Les foules fuient vers les montagnes, ou vers des refuges illusoires. Il y a des embouteillages monstres dans toutes les villes. Toutes les rues sont bloquées. Sur leurs rails magnétiques les V-Mag ne peuvent plus avancer, étant surchargés.
Dans le ciel, des vaisseaux légers se croisent ou se suivent de près, côtoyant des éliocars, des mono-hélicos et même des ailes volantes …

22 septembre 2030 : Paris, Champs de Mars : sur un écran géant, sponsorisé par une marque de céréales, le gourou de la secte « Ellilim, les derniers fils de Dieu » exhorte ses fidèles à vendre tous leurs biens et à le rejoindre dans une grotte en Dordogne : un vaisseau les attend et Dieu les conduira en sécurité …
A Rome, le pape Ernest 1er célèbre une messe solennelle, transmise elle aussi sur écran géant, des centaines de prêtres entendent ceux qui le veulent en confession et distribuent des absolutions à la chaîne …

En urgence, des hôpitaux de rue installent leurs tentes … Tous les organismes d’aide envoient leurs membres préparer des collectes de vêtements, de nourriture, de médicaments … Mais le manque de coordination rend tous ces efforts inutiles : chacun court et ne sait pas vraiment où il se dirige, ni ce qu’il doit faire …

Satanica l'histoire en intégralité Soir-d10


Dans la grande salle de la cité souterraine, beaucoup ne regarde plus l’écran : ils ne peuvent pas, ils ont trop mal… chacun réagit selon son caractère, sa foi, sa peur ou son espérance. Il y a des pleurs, des cris … mais surtout, l’air semble s’être épaissi, comme une chape de plomb qui empêche de respirer normalement : on étouffe … et bientôt, ils fuient, loin de cette réalité trop pesante : eux sont, pour l’instant du moins, à l’abri … et eux savent …
Jusqu’à présent, tout était impalpable. Intellectuellement, l’information avait été comprise et digérée … mais il y a un monde entre la raison, la connaissance … et le cœur !
Ils se sentent presque coupables d’être à leur place …

17 - Commencement de la fin ?

Et là-haut,  … Satanica, regroupée en une armée de dizaines d’énormes blocs et de milliers de cailloux et de poussières, tourne en un anneau infernal. L’attraction terrestre agit sur la météorite comme un aimant.

Nul ne peut dire combien de temps il reste avant les premiers impacts …

Satanica l'histoire en intégralité Tsunam10

28 septembre 2030 : Déjà les océans et les mers s’agitent anormalement : les météorologistes notent des marées hors normes, tempêtes et ouragans se multiplient. Les cartes satellites montrent des phénomènes atmosphériques jamais connus en Europe, comme ce gigantesque cyclone en Grèce, qui s’est formé si rapidement que personne n’a eu le temps de réagir. Il laisse derrière lui des milliers de morts et un champ de ruines.

Les animaux sont perturbés : Le ciel est zébré de multiples flèches vivantes, oiseaux migrateurs volant en tous sens, ayant perdu tous leurs repères. Le sol est jonché de petits cadavres : étourneaux, moineaux, qui tombent comme des pierres, sans raison …
Dans les usines laitières, les vaches refusent de se laisser traire, et leurs mugissements, tels des cornes de brume, remplissent d’effroi ceux qui les entendent ….
Tous les sons deviennent angoissants : des chiens hurlent à la mort, des milliers d’oiseaux pépient sans arrêt, et, toujours s’amplifiant, semblable aux roulements de mille tonnerres, il y a le bruit des moteurs, des sirènes, des alarmes  …

Voilà ce que voient et entendent les « Espéranziens » devant leur écran géant …
Combien de jours, d’heures … combien de temps encore….

18 – Psychose

Les jours se succèdent et se ressemblent dans l’esprit des Terriens. Cela s’appelle psychose, panique, épouvante, douleurs et désespoir.
Avant même l’arrivée des cailloux de l’espace, l’atmosphère est suffocante et l’abondance de cataclysmes tue déjà.

Satanica l'histoire en intégralité Ouraga10

30 septembre 200 : Andrew Mc Arthur a bloqué les 2 caméras les plus proches sur 2 points précis : le lac - la ville, et la deuxième est dirigée sur le  Mont Salève. Le lac semble s’être vidé comme un lavabo auquel on aurait enlever la bonde … Soudain, un bourdonnement sourd, qui s’enfle, qui devient roulement de tonnerre, qui siffle et qui chuinte et un mur d’eau se dresse devant la caméra. Andrew ne l’a pas vu arriver, il est là, c’est tout ! Immobile une fraction de seconde, il s’effondre soudain, explosant en une vague gigantesque qui balaie tout sur son passage : Genève n’existe plus ! Là où était un lac magnifique, une ville cosmopolite et puissante, il n’y a plus qu’un trou immense, au fond duquel coule une rivière : le Rhône a survécu !
Andrew a suivi la vague du coin de l’œil : elle va à la rencontre de ce qui fut une petite montagne de rêve. Il voit un volcan ! la lave a déjà formé une cheminée et sur ses pentes, tout brûle ! L’eau et feu s’épouse, se fonde … vapeur d’eau, cendres : On ressent la fin du monde, le ciel change de couleur, puis l’air et l’eau deviennent rouges et noirs.

Satanica l'histoire en intégralité Ciel-r11

Andrew ne veut plus voir … Tout son être est figé : son regard essaye de fuir l’image, mais sans cesse il retourne vers cette horreur sans nom … La bouche ouverte, il cherche un peu d’air … il a envie de vomir, de crier, de hurler : il ne peut pas ! … Il a envie de courir pour se cacher,  il voudrait mourir … il ne le peut pas, il ne le peut plus : voici bien des années qu’il a fait un autre choix, il doit maintenant assumer.

Enfin  la lune et le soleil disparaissent du ciel, alors la frayeur atteint son paroxysme.

Satanica l'histoire en intégralité Meteor11

30 septembre 2030 :

Sur la Terre s’abat une pluie de météorites faisant subir à la planète un désastre humain et un bouleversement de la nature. La température atteint des records qui brûle presque tout ce qui vit. Peut-on encore imaginer des survivants ?
Des villes entières disparaissent, l’aspect physique des régions, des reliefs et de la végétation deviennent jour après jour méconnaissable. Les volcans entrent en éruption. Tremblements de terre et tsunami se déchaînent.
En cette apparente fin du monde qui résistera ?

Espéranza en deuil

Dans la cité souterraine, les psychologues, quelques maîtres Yogi, sophrologues réputés et tous ceux qui, par la force de leur esprit résistent avec courage à la détresse ambiante, se portent volontaires pour maintenir en bonne santé mentale les habitants SURVIVANTS.

Christiansen  lui-même ne peut plus regarder de ses écrans l’horreur de la fin du monde. Il ne peut retenir ses larmes, libérant ainsi le trop plein de douleur à chaque reprise de sa respiration sanglotante.
Avec Xavier, Annabelle et Andrew ils ne se quittent pratiquement plus. Comme si l’amitié semblait les aider avec le besoin  de s’unir par les sentiments et le cœur pour vivre ou survivre et garder en eux la lueur vivante de la flamme  de l’espoir…

19 – Vivre ou Survivre

30 octobre 2030 : Coûte que coûte, il faut agir, veiller sur toutes les vies de la Cité. C’est cela qui donne à chacun le courage de se relever. Et une certaine routine s’installe : veille, travail, repos, hibernation, chacun connaît sa tâche et l’exécute au mieux.

Pour l’équilibre de chacun, le groupe s’est créé des règles, des lois. Ainsi, on marque le dimanche : l’unique repas de la journée s’agrémente ce jour là d’une douceur, chocolat, gâteaux et d’un peu de vin ou d’alcool. Chaque 30 jours travaillés donnent droit à 3 jours de « vacances » où l’on fait ce que l’on veut : ainsi, le lac et la plage, la forêt, tous les endroits trouvent leurs raisons d’être …

Et les jours deviennent des mois, les mois des années … Les survivants d’Espéranza vivent au jour le jour … hier est déjà loin … Cette vie enterrée, hors du temps est quand même une vie.
Et là-haut ? pensent-ils à leur terre si belle et si douce ? pensent-ils à tous ceux qui ont existé, qu’ils ont connu, aimé ? De temps en temps, le regard se tourne vers les écrans, muets, noirs zébrés parfois d’éclairs rouges …

Parmi les activités qui animent la vie à Espéranza, celle de Cécilia et de sa fille Lizbeth est un travail d’écriture et de mémoire. Chacune retrace de façon différente dont elles perçoivent les événements, tout un historique du vécu ressenti à travers leur pensée et leur cœur. Elaboration d’un parcours de vie depuis leur arrivée à Espéranza jusqu’à ce qu’elles espèrent, leur retour à la surface de la Terre…

Elles reçoivent le soutien de leurs proches amis et de leur famille, notamment Christiansen qui ne rate jamais un seul paragraphe de leurs écritures, ressentant toute l’intensité de leurs émotions d’une histoire presque hors des limites du temps, aux frontières du réel.

15 Août 2085
Aujourd’hui est un jour de tristesse : le docteur Delong, responsable des analyses de sang et d’urine effectuées tous les mois sur chaque habitant est décédé. Il est mort dans son sommeil, paisiblement. Tous ceux qui le peuvent se regroupent pour lui rendre un dernier hommage … On l’accompagne vers la grotte vide où une tombe a été creusée. La première … On ne savait pas que l’on pouvait mourir à Espéranza. Le vaccin de longévité n’a pas su protéger le docteur ! Sans être la panique, c’est un événement d’importance, et chacun exprime sa crainte et ses doutes …

20 Janvier 2210
Comme tous les deux jours, une équipe technique et médicale fait la visite des caissons d’hibernation, ce jour là, en compagnie d’Andrew.

Niveau – 9 : la petite unité des veilleurs. Andrew déclenche le réveil de la relève : dix personnes. Il leur faudra 4 heures pour être opérationnel, ils dorment depuis un mois. Dans 8 heures, le temps de la relève, d’autres viendront  les remplacer.
Niveau – 12 : l’étage des adultes, une majorité de femmes … un voyant orange clignote, témoin d’un incident : rien de très grave : une valve à changer sur l’arrivée d’oxygène d’un container. A l’intérieur, l’homme dort paisiblement … la réparation est vite effectuée et le technicien rejoint l’équipe.
Niveau – 11 : tout va bien, les témoins de contrôle sont au niveau maximum. L’équipe sourit en se dirigeant vers les escaliers. Ils ont pris l’habitude de terminer la visite par le niveau – 10, leur préféré : l’étage des 5-12 ans …

Niveau – 10 : A peine sur le palier, tous comprennent qu’il se passe quelque chose de grave : deux lumières rouges, violentes,  tournoient, griffant l’obscurité relative de la salle d’hibernation. rappelant les zébrures rouges du ciel de l’extérieur … Les deux caissons en alerte se trouvent côte à côte : réagissant immédiatement, le docteur Bernac sort de sa poche un petit appareil et appuie sur un bouton : un signal sonore retentit aussitôt, puis, il se précipite sur les caissons, les débranche et les emmène au niveau – 6 - niveau médical. Dans un même temps, le reste de l’équipe place un cordon d’isolement : il s’agit de vérifier qu ‘il ne s’agit pas d’une épidémie.
Deux médecins vont rester sur place pour surveiller.

Andrew et le reste de l’équipe rejoigne le niveau médical. La porte vitrée est fermée et le signal « danger contagion » tourne à plein régime. Les ordres sont alors : enfiler les combinaisons étanches avant de pénétrer dans l’infirmerie … ce qu’ils font.
Dès entrés dans l’infirmerie, ils constatent l’impensable : les deux caissons sont ouverts, et ils n’ont nul besoin d’explication pour voir que les 2 enfants sont morts ! Les regards expriment l’horreur, car ce ne sont pas deux enfants qu’ils regardent, mais deux mini petits vieux, ridés et ratatinés …. Quel est ce maléfice ?

Satanica l'histoire en intégralité Proger10

Les médecins et chercheurs ont pratiqué une autopsie, des prélèvements, des analyses …
Les deux enfants sont frère et sœur, 6 et 8 ans. Après plusieurs jours, la réponse tombe : les deux enfants sont atteints de progéria, une maladie génétique extrêmement rare qui provoque un vieillissement accéléré … mais, normalement, elle se déclare dès la première ou deuxième année … Alors, pourquoi à 6 et 8 ans ? et si brutalement : aucun symptôme visible deux jours auparavant …
La seule explication possible est que les enfants avaient le gêne dans leurs corps, à l’état lattant, et ce serait le vaccin de longévité qui aurait été le déclencheur, brutalement …

Les espéranziens se retrouvent dans le petit cimetière. La mort d’enfants est toujours une chose inacceptable, mais là, il y a plus : une incompréhension et une peur qui tord les entrailles : et si ça n’était qu’un début ? ce vaccin, si indispensable à leur survie, serait-il un poison, à long terme ?

Christiansen, Xavier, Annabelle et Andrew décident de provoquer une réunion afin que chacun puisse exprimer. Il s’agit d’un malheureux concours de circonstances : ces enfants étaient porteurs d’une maladie depuis leur naissance. Il faut dédramatiser et être réalistes : ils auraient sans doute donné eux mêmes naissance à des enfants atteints de dégénérescence.

Peu à peu, les esprits se calment et la vie reprend ses droits dans la cité …
Les années passent. Chaque habitant d’Espéranza, à un moment donné de la journée, lève les yeux vers les écrans de contrôle … le noir devient gris … le rouge disparait peu à peu et un jour, quelqu’un croit apercevoir le soleil …

20 – Evocation de Dame Nature

12  mars 2535 : Même si chacun ne paraît plus se soucier depuis longtemps des paysages et de la vie sur Terre, il reste néanmoins dans la cité une équipe d’observation qui décrypte toutes les images apparaissant sur les écrans.
Il aura fallu du temps pour surmonter l’angoisse due à la vision apocalyptique du désastre terrien.
Maxime, désigné comme responsable du service par Christiansen lui-même est toujours vigilant. Il note régulièrement les modifications d’aspect de ce qu’il voit du reste de la surface terrestre et en tire des conclusions scientifiques.

Depuis quelques semaines, il lui semble évident que cette année le printemps donne un signal de renouveau ou presque de renaissance. Certaines images de la nature se reconnaissent dans différentes formes ou particularités de couleurs, notamment le vert de l’herbe et du feuillage des quelques végétaux qui sortaient du sol. Comme si la nature, par son désir de reprendre ses droits, ressuscitait.

Satanica l'histoire en intégralité Fleur10

Maxime est de plus en plus excité, piqué par une curiosité croissante, … jusqu’au jour où il découvre sur son écran… UNE FLEUR !
La métamorphose de son esprit est telle qu’il en pleure de joie et de surprise. Cela faisait tant d’années que ses yeux espéraient contempler une si merveilleuse image !
Il passe de longs instants à observer cette magnifique et unique preuve que la vie sur Terre est de nouveau possible. Mais, se dit-il, si les végétaux reviennent pourquoi pas les hommes ?
Il est si ébahi qu’il en oublie presque l’essentiel : Il doit avertir Christiansen, Andrew et l’équipe de cette fabuleuse découverte. Ce soir-là dès l’annonce de la nouvelle, les amis réunis sabrent le champagne !

Le lendemain Christiansen donnent de nouvelles consignes d’investigation à distance, d’observation et d’analyse d’images. Ils décident de travailler ensemble. Ils constatent avec stupeur qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé. Après avoir vu éclore quelques dizaines de fleurs sauvages inconnues de la botanique d’avant Satanica, ils sont surpris,  un matin, de la disparition de quelques espèces de couleurs violette et jaune d’or. Voilà une énigme qu’ils n’expliquent pas.
Après plusieurs jours d’observation l’équipe se rend à l’évidence : les fleurs ont été cueillies ! Oui, mais par qui ?

Les dirigeants d’Espéranza décident d’organiser une conférence en salle de réunion à laquelle tous les écrans du réseau sont reliés pour être diffusée au plus grand nombre.
On y fait part des récentes découvertes faites à la surface de la Terre. Et il est décidé qu’une équipe s’offrira l’honneur de rendre visite au nouveau monde. Après la quasi mort de la planète où la civilisation n’est que stigmates et souvenirs, les Espéranziens vivent cet instant comme un miracle de la vie !
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MessageSujet: Re: Satanica l'histoire en intégralité   Satanica l'histoire en intégralité Icon_minitime1Jeu 3 Avr - 14:36




21 – An 2535  

15 avril – 15 mai : Toute la cité vit cette période dans une excitation intense. Les plus grands responsables de la ville souterraine proposent un plan afin d’envoyer une équipe de volontaires en expédition à la surface. Le choix n’est pas aisé, beaucoup ont vaincu doute et appréhension,  comme si après ce qu’ils avaient vécu ils ne craignaient plus rien de pire.
Sans oublier que d’être les héros de l’histoire du « Retour sur la Terre » attirerait bien les plus valeureux aventuriers.

Mais non. Les décideurs pensent que, dans un premier temps, il vaudrait mieux envoyer à la surface un groupe de quelques personnes, cinq ou six au maximum.
Finalement, le choix se fait : on propose à Xavier d’être chef d’équipe, Maxime est choisi pour son travail, sa patience et en récompense de sa découverte porteuse d’espoir, Grégory médecin d’excellence, Simon un géologue de grande réputation et Danaé une chienne de la race des bergers afin d’étudier le comportement animal qui pourrait se révéler inattendu. Sans oublier Annabelle, qui, en irrésistible capricieuse, a supplié son parrain A. Mc Arthur,  évoquant son mérite et sa sagesse. Elle rêve depuis longtemps être la femme héroïne du grand Retour.

Dans les jours qui suivent tout est pensé, organisé de la façon la plus sérieuse, élaboré et sécurisé le plus possible. Les voyageurs de la Terre seront vêtus d’une combinaison étanche,  comme des cosmonautes partant dans l’espace. Equipés d’air également car ils ignorent leur capacité à respirer là-haut.
Ils emmèneront une capsule qui servira de mini laboratoire pour analyser atmosphère, eau et végétaux et d’un appareil photos doté d’une technologie très avancée permettant de relier par ondes les images photographiées directement aux écrans de la cité Espéranza. Ce système,  conçu par Christiansen avait permis de suivre visuellement l’horreur de l’apocalypse, mais aussi plus récemment la renaissance de la nature après des décennies de quasi mort. Ils s’équipent également d’un système téléphonique radio, cordon ombilical avec Espéranza. 
Satanica l'histoire en intégralité Capsul10
23 mai : Jour J – une semaine ! grande fête en Espéranza ! l’esprit de renouveau et de joie se manifeste dans les voix et les regards lumineux. … Il y a des rires, il y a des chants … il y a l’espoir et la foi en des lendemains heureux. On ressent dans les intonations et les expressions une merveilleuse soif de vie et d’aventures.

22 – Retour sur Terre

1er juin 2535 : Comme à son habitude, Xavier dissimule assez mal son tempérament anxieux. Même si à travers toutes ces années d’une autre vie il a compris qu’il fallait aussi savoir faire confiance. Mais tous ces paramètres psychologiques ne lui disent pas ce qu’il va advenir maintenant, à l’instant si présent où il va falloir remonter à la surface  … pour y découvrir  … quoi ?

Tous sont prêts, équipés, soutenus, encouragés et applaudis. Les cœurs de tous les habitants d’Espéranza battent à l’unisson d’un même émotion palpable. Les cinq membres de l’expédition se tiennent par la main sous le regard étonné de la chienne Danaé qui semble comprendre qu’il s’agit là d’un privilège hors normes de son existence animale.
Annabelle a l’impression qu’une boule s’enfonce dans sa gorge en proie à une alternance de fous rires nerveux et de pleurs. Maxime observe la montée des étages. Niveau – 10 ; - 9….- 3 ; - 2 ; - 1 ; 0 !

Au grand jour

0 ! … Il a fallu forcer un peu, écarter les battants de la dernière porte en s’aidant d’une tige métallique. Elle cède soudain, en raclant : ils baignent dans une lumière diffuse. Ils ont suspendu leur souffle, écarquillé les yeux, se sont imprégnés de milles sensations extravagantes et vertigineuses. Et puis ils ont pleuré.
Indescriptible turbulence de leurs pensées, réveil de si lointains souvenirs, comme une page relue d’un livre ancestral où l’on s’arrête sur un détail de la mémoire. Ils contemplent le paysage s’offrant à leurs yeux dans un silence profond évoquant un miracle.
L’impression de poser le pied sur le sol d’un nouveau monde, d’une autre planète. Plus rien ne ressemble à ce que leur souvenir à conserver d’images, de flashes d’un passé éloigné et pourtant si proche dans leur mémoire.

Ils restent là un long moment, éblouis et muets. Peut-être prennent-ils conscience du miracle de la vie alors qu’aucune forme d’espèce humaine ne semble avoir résisté au choc Satanica. Dans cet état de béatitude qui est le leur, ils se sentent capables d’admettre qu’une énergie, une forme d’intelligence surnaturelle les a protégés de l’anéantissement. Cela se pourrait-il ?

Xavier est le premier à sortir de cet état de stupeur. Son esprit rapide lui dicte enfin les détails de sa mission si longuement préparée. Il s’adresse à chaque membre de l’équipe, réexpliquant leur tâche avec précision.

Un message est transmis par radio-ondes à la station d’Espéranza : « tout va bien ».
Après un long regard vers Annabelle, Xavier avance un pied, qui se pose et s’enfonce légèrement dans un sable poussiéreux. Ce n’est ni chaud, ni froid … doux et agréable.
Il donne alors, d’un signe de tête, l’autorisation à ses compagnons de s’aventurer sur le sol de la planète. C’est Maxime qui retrouve le premier l’usage de la voix :
«  Notre belle planète bleue ! Je voudrais bien savoir sa couleur aujourd’hui, depuis l’espace ! » … Chacun lève les yeux vers le ciel où un pâle soleil perce la couche grisâtre de l’atmosphère …
« Crois en la force de la terre, elle est toujours bleue … juste un peu … malade, mais elle semble en voie de guérison répond Grégory, en bon médecin »
« Allez, au boulot, en attendant l’ère de la renaissance, annonce Xavier, avec un sourire … huumm …l’aire de la renaissance, ce serait bien comme nom … qu’en dites-vous ? »
Premières observations, premiers rapports détaillés, premières photos.

Satanica l'histoire en intégralité Images11


Simon, le géologue, choisit un emplacement pour l’habitation provisoire : un ensemble de quatre petites tentes auto-gonflables, reliées entre elles par un tunnel. Faites d’un matériau créé en laboratoire, très léger mais aussi très résistant, et qui isole aussi bien du froid que des chaleurs caniculaires. Un système de régénération et analyse de l’air permet d’y respirer sans casque.
La première journée d’observation s’achève. Rien n’est venu troubler le calme et le silence … pourtant, Annabelle reste près de Xavier : elle n’a pas vraiment peur, mais elle n’est pas tranquille. Elle a l’impression d’être surveillée, des sensations qu’elle a perçues toute la journée, comme des regards sur elle ! … souvent, elle a levé la tête, regardé attentivement le paysage, cherché à surprendre un regard, en vain. Elle sait que Danaé aussi a flairé « quelque chose », elle a gémi, émit des petits jappements brefs, à plusieurs reprises, en la regardant. Mais sans agressivité, et sans peur ni vraie inquiétude …
Xavier la réconforte, prépare une boisson chaude. L’équipe partage un court temps d’amitié et d’échanges, Danaé rêvant aux pieds d’Annabelle. Puis va s’allonger  dans son sac de couchage, pour une courte nuit.
Seul dans le sas labo, Xavier veille encore : il prévoit le programme du lendemain, répartit le travail pour chacun : Analyse de la terre, des minéraux, de l’air, de l’eau et de toute espèce naturelle qui vit en ces lieux ressuscités …


23 – An 2535, 2 juin

Aire de la Renaissance, jour 2 après la sortie

A peine une clarté diffuse. Le jour se lève. Nos explorateurs sont encore enfouis dans leur sac : il fait très froid. Annabelle ouvre un œil difficilement, sort un bras et caresse avec reconnaissance Danaé qui lui a servi de bouillotte toute la nuit La chienne soupire de bien –être et glisse sur le dos afin de se faire caresser le ventre … Quelques minutes de pur bonheur !
Se lever, un brin de toilette à l’eau froide, s’habiller chaudement, un petit déjeuner rapide : café-chicorée en poudre et biscuit « militaire » … pas de quoi s’éterniser à table … s’isoler dans l’espace pipi-popo et enfin enfiler combinaison et casque. Les voilà prêts à affronter le monde nouveau.

La tente est munie d’une ouverture scratch : un bruit semblable à une déchirure résonne dans le silence oppressant de la petite combe, immédiatement suivi d’un cri-hurlement, tétanisant l’équipe sur le point de sortir ! Danaé se précipite en grognant et aboyant, fonçant droit devant elle, en direction d’un monticule irrégulier. Là, elle s’arrête et se retourne en gémissant …
Tous se sont précipités à sa suite. Arrivés sur les lieux, ils regardent partout mais ne remarquent rien. Pourtant, tous ont entendu le cri ! … en examinant le sol, Simon remarque soudain des petites traces rondes : une et cinq autres plus petites … un pied nu ??? … à six  doigts ??? … une patte ? …  et là, d’autres traces … animal ou humain ?

Simon s’approche du monticule qu’ils avaient pris pour un repli de terrain. Se saisissant d’une pioche, il donne un grand coup … et se retrouve par terre, le bras paralysé par la douleur du choc de la pioche contre … une masse métallique ! Oui, il s’agit bien de métal. Ils s’attaquent à enlever la terre, les pierres et une matière dure et vitreuse … qui se révèlera, après analyse, être de la lave solidifiée.
Pour le bloc métallique, ils comprennent bientôt qu’ils se trouvent face aux restes d’un véhicule, sans doute un car … un bruit ténu de respiration à l’intérieur …
Alors qu’ils s’approchent avec prudence, Danaé s’élance soudain, contournant l’obstacle, et aboyant à tue-tête. Un bruit de course … et de nouveau le silence …
Annabelle rappelle Danaé : inutile de courir, ça ne sert plus à rien. Tous se replient vers le campement pour faire le point et joindre la ville souterraine.


24 - Nouvelle terre : découverte, incertitudes et image choc …

Après avoir informé les dirigeants d’Espéranza des derniers évènements, l’équipe d’exploration se replie sous les tentes. Beaucoup de prélèvements attendent d’être analysés et ce travail leur permet de prendre du recul.

A leur grande surprise, l’air est respirable … avec quelques risques de mauvaises odeurs néanmoins ! … l’eau n’est pas buvable en l’état, mais après un petit traitement chimique, elle peut se boire, elle gardera sans doute un arrière goût désagréable.
Les analyses des échantillons de terrain montrent une radioactivité moyenne, dangereuse encore à l’exposition à long terme.
La cueillette de Maxime a été riche en diversité. En très peu de temps, il a ramassé 15 espèces de plantes différentes et 3 espèces de champignons ! … et le plus surprenant est que la plupart sont inconnues … La base de la végétation est la sphaigne, sans doute le premier végétal à avoir gagné la bataille de la vie. Elle colore le paysage en mosaïque verdâtre, brune et jaune, selon la nature du sol qui la supporte : terre ou marais.
Des fleurs aux pétales très épaisses, très colorées, sont d’aspect luisant et gluant. C’est cette espèce que Maxime a vu sur son écran.  Satanica l'histoire en intégralité Fleurs10

Alors qu’ils s’apprêtent à procéder à des analyses d’échantillons de roche, les dirigeants d’Espéranza les contactent et les pressent de rentrer. …
« et n’oubliez pas de passer par le sas de décontamination, le chien y compris ! … vous laissez vos combinaisons en haut ! »

Christiansen et Mc Arthur ont visionné toutes les images, une à une … et ils ont eu un choc, bloqués, bouche ouverte, face à un visage « plein écran » : l’être qui a été piégé par l’objectif s’est approché tout près de la caméra, créant une déformation. Pourtant, ce visage est bien visible …  et il est humain ! … il semble qu’il soit chauve, sa face est déformée, pleine de rides … et cette forme leur rappelle leurs « deux petits  morts de progéria » … Qui est-il ? est-il seul ? est-il dangereux ?


25 – le triomphe de la vie

Devant ces incertitudes, les deux « sages » décident de reporter l’expédition. Pas de précipitation,  prendre le temps d’envisager tous les risques, tous les dangers.
Cela permettra aussi de compléter les analyses et d’en tirer tous les enseignements possibles.


20 juin 2535 : Les images de la surface font l’objet d’une nouvelle lecture encore plus attentive … en plus du visage, il semble bien que deux ou trois silhouettes se profilent sur une autre image, dont une petite ombre, qui a la taille d’un enfant !
Plus aucun doute possible, Satanica n’a pas exterminé la vie en surface … il y a des survivants ! … C’est une explosion de joie sans aucune mesure ! Jamais ils n’auraient pensé voir ne serait-ce qu’un insecte vivant … l’horrible météorite, le noir, le feu, l’eau, le néant, la peur … tous les cataclysmes en série … et l’humain reste debout ! telle est la force immense de la vie, sa victoire !

Mais une fois l’exaltation de ce moment si intense retombée viennent les questions : comment organiser la prochaine sortie ?  … pas question d’ignorer les dangers potentiels … sortir avec des armes ? Andrew et Christiansen  s’y refusent … prendre le risque, ils ne voient que ça …

Une nouvelle sortie est alors programmée pour le 30 juin. La même équipe, plus Andrew et Christiansen. Les analyses ont montré que l’air était respirable : ils enlèveront donc leurs casques durant ½ heure, pas plus, car la radioactivité est encore trop forte pour une entière exposition. Ils emmèneront  avec eux des pastilles afin de rendre l’eau parfaitement sans danger … Et la seule mission sera d’essayer de trouver et de créer un contact avec les humanoïdes – ainsi ont-ils décidé d’appeler ces humains rescapés d’un autre monde … apparemment en bonne santé … mais irradiés ! …


26 – Nouvelle tentative

En même temps que se prépare la deuxième sortie en surface terrestre, quelques membres de l’équipe observent les écrans de vue sur Terre et ce qu’ils y voient ne cesse de les intéresser. Là-haut, les humanoïdes savent que des êtres venus d’ailleurs sont apparus récemment. Pour eux aussi la découverte est conséquente. Eux aussi, bien des questions les tourmentent …. Les Espéranziens  sont curieux tandis que les humanoïdes sont surpris.
Ces derniers, intrigués, observent attentivement les lieux de l’installation provisoire de nos chercheurs aventuriers. Mais ce qu’ils ignorent, c’est que des caméras les regardent et que toutes les images sont transmises par ondes. Christiansen et Mc Arthur les observent et rien en apparence ne leur permet de croire qu’ils auraient une attitude violente ou de méfiance.

Néanmoins, la prudence exige un minimum de précautions ainsi qu’un petit changement : réduire les risques : réduire l’équipe. ils ne seront donc que quatre à sortir pour la prochaine visite terrestre. A l’honneur Christiansen et Mc Arthur, et de la première équipe, Maxime et Grégory sont élus.

30 juin 2535

Pour Christiansen et Mc Arthur l’émotion est immense, ils se regardent droit dans les yeux avec la sensation de partager un moment unique et solennel de leur vie … eux depuis si longtemps reclus dans leur si chère ville souterraine. Pour Maxime et Grégory leur état d’esprit s’assimile plutôt à de l’excitation.

Parvenus à la surface, les deux amis s’étreignent et se mettent à pleurer. Grégory et Maxime respectent en silence leur trouble émotionnel. Puis, se laissant le temps d’observer le paysage dénudé et comme écorché, et de l’inscrire dans leur mémoire, le scientifique et le médecin installent la tente provisoire, abri de leurs investigations.

A l’aube
Réveillés dès 6h du matin, les quatre hommes entendent des bruits de voix, et beaucoup d’agitation autour de leur campement. A la fois excités et un peu inquiets, ils hésitent à sortir car ils imaginent assez mal quelle pourrait être la réaction de ceux qui les attendent dehors.
C’est l’intrépide Andrew Mc Arthur qui décide le premier à s’aventurer à l’extérieur, puisque de toute  façon il faudra y aller un jour.



Il sort doucement, en souriant même, pour cette rencontre mémorable avec les survivants de Satanica. Et sa surprise est immense lorsqu’une tribu d’une quinzaine d’humanoïdes se mettent à genoux devant lui !
« Mais ma parole ils me prennent pour un dieu ? »
Andrew leur tend les bras en signe de gratitude et d’amitié.  Puis il appelle ses camarades en leur signifiant qu’ils n’ont rien à craindre.

Tous les quatre ôtent leur casque afin de dévoiler leur visage face au regard surpris de leurs hôtes. Après un temps d’hésitation, quelques reculs, les humanoïdes avancent vers les quatre compagnons, les touchent, caressent leurs cheveux … puis, instinctivement, afin d’établir un message de paix et de fraternité tous se prennent par les mains.

27 -  Rencontre fascinante

Ce moment de rencontre à la dimension universelle restera à jamais gravé dans leur mémoire.
Après ces quelques instants d’émotion partagée, les humanoïdes s’éloignent … Doutes et questions envahissent à nouveau les espéranziens :  « Où vont-ils ? vont-ils nous fuir ? » … Mais déjà des silhouettes se dessinent sur le blanc des rochers. Les humanoïdes sont maintenant une vingtaine, il y a même des femmes, et des enfants. Les enfants sont nus, les adultes sont recouverts de bouts de tissus disparates …Leurs faces nues et déformées s’illuminent de sourires !
L’un d’entre eux, peut-être plus âgé, vêtu de quelque chose ressemblant à un short, s’avance vers eux, puis porte la main droite sur son cœur : « cépoyou, céamiam ! » Derrière lui se tiennent deux femmes : « wifeamé ! » Elles tendent vers leurs invités venus d’ailleurs de la nourriture et un bol d’eau. Un honneur, toute leur richesse ! Dans un plat de terre se trouvent des végétaux – sortes de racines fibreuses - et quelques insectes blancs translucides …

Les quatre amis se regardent …. Ils n’en croient pas leurs yeux, ni leurs oreilles ! On les accueille ! on leur parle ! on leur offre à boire et à manger !  … Seulement d’infinies précautions s’imposent car il parait fort probable que ces aliments sont irradiés. La prudence leur conseille de tremper la nourriture dans un bain neutralisant afin de ne pas s’intoxiquer tout en acceptant sans trop de risques les offrandes.
Andrew examine le bol avec curiosité avant d’y glisser une pastille désinfectante. Il semble avoir été creusé dans le bois ? … mais aucun arbre, même rabougri, n’est visible … un mystère de plus !

Dans la mouvance de cette merveilleuse rencontre historique Christiansen projette de nouveaux objectifs. Bien sûr l’équipe ne peut rester trop longtemps et déjà tous réfléchissent aux possibilités de rester en contact avec l’espèce survivante.

Leur langage est différent, mais grâce à leur intelligence, à leur bonne volonté, leur désir de communiquer et à l’élaboration de dessins, ils arrivent à se comprendre… Enfin il est décidé qu’un des leurs, membre de la tribu repartira avec l’équipe comme invité d’honneur d’Espéranza. Cela après avoir expliqué l’existence de la ville souterraine  et de ses nombreux habitants, à la grande surprise de la tribu qui n’aurait  jamais pu l’imaginer … et qui n’y croit pas vraiment, à voir leurs têtes et leurs gestes !

28 – L’invité d’Espéranza

5 juillet 2535 -  L’invité humanoïde s’appelle Anguélus, il est âgé de 25 ans et est connu de sa tribu Jumora pour sa finesse d’esprit, sa sagesse et son courage qui ferait de lui un modèle pour les jeunes de sa génération. Traité comme un prince dans la ville souterraine, il attire beaucoup de curieux. De son coté, Anguélus observe autour de lui avec attention, il est curieux de tout, touche à tout … Devant les écrans, il montre tout d’abord des signes de panique en voyant ceux de sa tribu avancer face à la caméra, il s’approche jusqu’à mettre son nez contre la vitre … puis, quand il comprend que ce ne sont que des images, il semble se fâcher et vouloir casser la caméra. Tout ceci fait comprendre à l’équipe que les humanoïdes sont un danger potentiel pour la communauté d’Espéranza, et surtout pour tous les hibernants… dans l’immédiat, en tous cas.  Il accepte d’être pris en charge par une équipe médicale qui procède à des examens approfondis qui intègrent des analyses de sang, études du fonctionnement organique, scanner ultra perfectionné du cerveau et expérimentation comportementale.

Mais ce qui les intéresse tous, c’est d’établir un vrai dialogue entre lui et les Espéranziens. Deux anciens universitaires sont nommés professeurs d’espéranto et sont chargés de lui enseigner ce nouveau mode de communication. Le défi est relevé et les « maîtres » sont étonnés de la vitesse d’apprentissage d’Anguélus pour son nouveau langage.

29 – Des projets pour l’avenir …

Pendant ce temps, l’équipe de Christiansen, avec Mc Arthur, Xavier, Annabelle se concertent pour le prochain projet à préparer. Annabelle évoque un plan :
1 – Etablir un contact solide et harmonieux avec la tribu Jumora avec communication par langage commun => dans un premier temps Anguélus servira d’interprète
2 – Utiliser la médecine pour palier aux maladies et déficiences des humanoïdes.
Mettre également sur pieds un traitement à base d’iode, pour tout le monde, sans exception, dans un but de prévention pour les espéranziens et un but de stabilisation pour les humanoïdes
3 – Apprendre tout de la vie de ces survivants au grand cataclysme : leur habitat, leur alimentation… et essayer d’apporter des réponses à quelques questions qui perturbent la logique des experts espéranziens : comment est-il possible que des êtres aient survécus au cauchemar Satanica ?
4 – Dans un futur proche concevoir la création d’une nouvelle ville sur Terre. Mais pour cela il reste une énigme à résoudre. La radioactivité n’est-elle pas une menace à long terme ?
5 – Préparer le réveil d’une première vague d’hibernants, qui deviendront les bâtisseurs de leur future ville. Là, bien des questions aussi … et l’angoisse au cœur : comment supporteront-ils le réveil et le « plongeon » dans leur nouvelle vie et leur nouvel environnement ?

Bien d’autres points viendront peu à peu allonger la liste de « ce plan ». Ils le savent, mais, après tout, le monde ne s’est pas fait en un jour !

30 - Concertation et études

Anguélus ne doit pas résider à Espéranza trop longtemps, après avoir acquis le langage, des résultats aux différents examens médicaux et sa connaissance plus profonde, on lui laisse le loisir de poser ses propres questions. Evidemment tout lui est expliqué, le but des équipes est de le rassurer afin d’obtenir sa confiance. Nulle souffrance, ni obligation ne doivent être nuisibles à leurs relations. Il est important qu’Anguélus, une fois retourné dans sa tribu raconte de façon positive ce qu’il a vu, appris de la vie et de l’espèce des Espéranziens.
Il est prévu une visite régulière de l’équipe. Il est fortement recommandé à la tribu Jumora de se familiariser avec les visiteurs du monde souterrain.



Aux sorties régulières se sont ajoutés un zoologue et un agronome qui viennent étudier les différentes espèces animales ainsi que tout ce qui constitue la nourriture des humanoïdes. Les végétaux alimentaires sont-ils les mêmes que ceux des Espéranziens d’avant le cataclysme. Leur mémoire se souvient-elle du goût d’une salade, de la carotte ou des tomates ?

D’autres études sont réalisées à l’extérieur : le comptage des humanoïdes, comment sont fabriquées leurs habitations.
10 Juillet 2535 - Christiansen lui, s’intéresse à leur histoire. Anguélus accepte de lui raconter ce qu’il sait ou a entendu : « les anciens, le père du père du père de mon père disait qu’avant il y avait « les autres » différents de nous. Ils vivaient dehors, SUR la terre et il y avait plein de vert. Il y avait aussi plein de nourriture vivante. « les autres » avaient des poils sur la tête et certains, sur la figure. … mais je n’y crois pas, ce sont des histoires, des légendes. »
Christiansen réfléchit et lui propose un livre avec des images, des photos de l’ère avant Satanica. Peut-être y trouvera des similitudes avec ce qu’on lui a raconté de cette époques des « autres » afin de mieux comprendre et assimiler ce qu’il n’ose pas croire !


31 - Quand passé et présent se rejoignent !


Christiansen écoute avec la plus grande attention Anguélus, puis il lui demande où sont ses ancêtres. « Les avez-vous enterrés ? où sont-ils ? »
Et, avec un grand sourire et très naturellement, Anguélus lui répond :
« mais, ils sont chez eux … chez nous, dans une petite grotte. Nous leur rendons souvent visite, pour leur apporter à manger et à boire … ils sont avec Mouk. »
Mac Arthur s’est approché et a entendu les derniers mots. Intrigué, il demande :
« Qui est Mouk ? »
Anguélus les regarde, hausse les épaules, respire fort, s’énerve … « Mouk ? c’est … je sais pas dire les mots ! » … et d’un coup, il prend la main de Mac Arthur et l’entraîne, moitié marchant, moitié courant, vers l’entrée de la grotte que l’on devine à peine dans le lointain.
Tant bien que mal, Christiansen a suivi, sans tout avoir compris …

Un jeune Jumora, nu, se tient à l’entrée de la grotte. Il tape, avec une grosse pierre, sur une racine … Christiansen, Mc Arthur et Anguélus se sont arrêtés.
Christiansen montre du doigt la racine : « le bol … enfin un mystère qui trouve une explication ! »

Anguélus met son doigt sur ses lèvres : chut ! … et il leur montre, à droite de l’entrée, un trou noir et inquiétant, puis, sans lâcher la main de Mc Arthur, il avance vers ce trou mystérieux.
Le temps que leurs yeux s’habituent à l’obscurité, Mc Arthur et Christiansen comprennent qu’ils sont dans un passage étroit, qui sans doute conduit à la petite grotte.
Bientôt, les voilà face à des ossements, entassés soigneusement, et devant se trouve une pierre plate, sur lequel se trouve ….. des papiers ? … un livre ? … un carnet ?
Anguélus se penche avec grand respect, montre l’objet du doigt en disant : « Mouk ! le grand tout, il vient du monde d’avant, du pays des légendes … »  

Christiansen se penche et avance la main, et Anguélus se met à hurler ! « Faut pas toucher ! … pas bien … mauvais ! »
Mc Arthur a alors une idée : il se met à genoux et lève les bras « au ciel ». Christiansen sourit, il a compris, il s’agenouille à son tour et lève les bras. Anguélus les regarde, tourne autour d’eux … il se tord les mains, il ne comprend pas …
Alors, dans le silence de la petite grotte, un étrange monologue résonne, paroles et silences, silences et paroles :
« Oui, grand Tout, nous sommes tes enfants, nous t’écoutons ! »
« Que dis-tu ? tu nous as choisi pour ramener la vie à la tribu … nous t’obéirons ! »
« Tu veux que nous prenions Mouk dans nos mains ? Oui ? »
« C’est ainsi que nous pourrons comprendre la tribu ? … nous t’obéissons »
Et Mc Arthur tend résolument la main vers l’objet, en disant : « Le grand Tout le veut ! » … et Anguélus se met à genoux … et il tend les bras « au ciel »

Christiansen regarde le document que Mc Arthur tient dans sa paume ouverte. Malgré le froid et l’humidité de la grotte, ils transpirent. Ils ont compris que leurs yeux contemplent leur passé ! Oui, c’est bien un objet spécial, et qui sait … peut-être que « le grand Tout » les a bel et bien choisi !
Ce qu’ils ont entre leurs mains, c’est un petit carnet à la couverture rouge, très abîmé. Avec d’infinies précautions, Mc Arthur l’ouvre et tourne les petites pages déchirées et trouées en de multiples endroits …Christiansen se penche avec avidité.. Tous deux se regardent ! Ils déchiffrent des mots, en italien, semble-t-il … d’autres en français …beaucoup manquent, ou sont effacés …

« 28 Se…..bre 2.30. Nous voici ……….. grottes ……. Salève. ….. …. sommes répartis en 3 groupes ….. 20, ..5 .. et nous 15……. Spéléologie à l’ancienne ….. le repéreur fonctionne et montre l’image …… » … là, il y a un gros trou et le récit reprend …… « … sacs chauffants, combi …. verre et nulvate …. grande grotte. Demain, nous visiterons les 2 grottes secondaires du dessous, nous avons 1500 m de cordages velvo, de quoi voir venir ! ……… »
page suivante : « 30 septembre… la terre  tremble et des rochers se détachent …… peur»
puis, d’une autre écriture : « non sappiamo più che giorno ….. Abbiamo provato ad uscire, ma siamo bloccati! Al soccorso! gridiamo, ma nessuno ….
Che cosa accade …? ci sono …. dei grande rumori, la terra ha tremato... »
( nous ne savons plus quel jour, nous ne pouvons plus sortir, nous crions, personne n’entend, que se passe-t-il ?, il y a de grands bruits, la terre tremble … )

Le récit se poursuit en italien, les pages sont noirâtres, les bords brûlés … Christiansen traduit au fur et à mesure ce qu’il comprend …
A la fin du petit livre, les derniers mots sont comme un cri, en grosses lettres très visibles : « Alléluia ! il bambino è nato e Nimna è grosso! Che viva la vita! »
(Alléluia ! le bébé est né et Nimna est grosse ! Que vive la vie !)

Les deux amis se regardent, leurs mains tremblent … Mac Arthur pose sa main sur l’épaule d’Anguélus, toujours à genoux, pose avec un grand respect le petit livre sur sa pierre et tend la main vers Christiansen. « Viens, ami, il faut aller raconter tout cela aux autres, ils nous attendent et ne savent pas où nous sommes. »


32 – Flashback

Toute la communauté d’Espéranza s’est rassemblée à l’appel de Christiansen.
« Amis, nous allons vous raconter la fin d’un monde et la naissance d’un nouveau monde. Celui d’ici, nous le connaissons, mais dans un même temps, la vie se poursuivait sous terre … Voici le récit d’une genèse, lut sur un document très ancien … je vais essayer de vous faire un résumé fidèle. »

28 septembre 2030. Une cinquantaine de touristes italiens sont allés visiter les grottes du Salève et faire de la spéléologie. Les organisateurs français ont créés un camp de base dans une grotte assez vaste et profonde prévue pour y vivre quelques jours, un peu comme auraient vécu des tribus de l’époque préhistorienne. Dépaysement garanti !
Mais ce qu’ils n’avaient pas pu imaginer, c’est que durant leur visite des grottes, la météorite Satanica et sa pluie de cailloux de l’espace s’étaient abattus sur la Terre, prenant au piège les visiteurs des grottes qui n’ont jamais réussi à en sortir. Le groupe a dû survivre en autarcie. Heureusement, des galeries souterraines partaient de la grotte et des espèces végétales et animales ont été prises au même piège, leur fournissant des vivres pendant un temps. Puis, ils se sont adaptés, mangeant des insectes cavernicoles, des racinelles…. Ils n’ont sans doute jamais compris ce qui c’était passé, auraient-ils pu pensé à un séisme de si grande envergure ?
Les derniers mots du document annoncent la naissance d’un bébé, et un bébé futur … Avec ces mots : Que vive la Vie !
Et la vie a continué … durant plus de 500 ans, soit le temps de 6 générations … ce sont vraisemblablement leurs descendants que nous avons rencontré. Les ancêtres d’Anguélus ont marché sous terre le long de galeries, à la recherche de nourriture et c’est ainsi qu’ils sont parvenus dans cette immense caverne profonde de plus de 100 m qui s’était formée à une dizaine de kilomètres de la cité Espéranza pour le début et moins de 50 m pour la fin.

Voilà, amis, maintenant nous savons que les humanoïdes sont de la même race que nous. Ils ont sans doute été touchés par des radiations résiduelles, et ainsi, d’hommes ils sont devenus humanoïdes, différents, mais si proches de nous !


33 – Imprévu dangereux

Dans la tribu Jumora,  peut-être un peu jaloux d’Anguélus, quelques jeunes manifestent l’envie de rencontrer les Espéranziens et la cité souterraine. Jusqu’à présent, seul Anguélus a obtenu ce privilège. Il est donc prévu la visite d’un nouveau Jumorani* (habitant de la tribu Jumora). : Gnovem  est donc le deuxième invité d’honneur d’Espéranza. Mais son intérêt pour la cité et ses habitants est plutôt axée sur la curiosité que dans un désir de socialisation et de partage et les réactions du nouveau visiteur viennent perturber les plans d’échange.
Très vite il panique à la vue des habitants de la cité si nombreux. Il n’est pas du tout préparé psychologiquement. Tout lui est méconnu : leur façon de s’habiller, de s’exprimer devant lui… Tout cela le terrifie.

Quand il voit sur les écrans sa tribu assemblée devant l’entrée, il se met à hurler et à courir, se cognant partout, renversant les pupitres et les fragiles appareils bourrés de technologie.

Sa visite dans la serre du jardin où poussent tous les végétaux ne fait qu’accroître son désarroi, lui dont la tribu a si souvent souffert du manque de nourriture ! Il s’agite et s’échappe en courant, détournant l’attention de ses accompagnateurs qui ne savent comment réagir face à cette situation qu’ils n’avaient pas prévue.
Ils craignent pour la cité le risque du saccage du jardin, l’éventualité de casse ou destruction des machines et la conséquence que tant d’efforts soient réduits à néant à cause d’un simple accès de folie.
L’équipe en service d’urgence est chargée de rattraper Gnovem qui finit par se calmer,  malmené par la peur qui le rend difficilement contrôlable.

Il s’en suit une réunion où Christiansen et son équipe analysent l’incident survenu en concertation avec Anguélus. Celui-ci est très étonné : il ne s’attendait pas à ce que Gnovem, qu’il connaît depuis toujours, puisse avoir une réaction si violente et qu’il soit si farouche.
Ils finissent par comprendre que la préparation psychologique n’avait pas été assez travaillée, Anguélus est un être à part, mais tous les membres de sa tribu ne sont pas aussi évolués. Dorénavant, il faudra être plus prudents, plus à l’écoute aussi … allez vers eux, prendre du temps, beaucoup de temps … et que des équipes d’Espéranziens toujours différentes rencontrent chaque Jumorani afin que l’extraordinaire devienne normal, quotidien.
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34 – Projet d’installation

De nouvelles sorties, de plus en plus nombreuses, démontrent qu’il est temps de créer les premières habitations, la première cité en surface. Mac Arthur et Christiansen avaient prévu et choisi de très jeunes architectes, créateurs d’habitats hors normes : il s’agit de deux jeunes hommes et deux jeunes femmes qui sont alors sortis de leurs sommeils artificiels.

Cette équipe se met très vite au travail et propose plusieurs projets de construction, tous plus fous les uns que les autres !

Le projet retenu est de construire, sur une plate-forme (un espace où, pour limiter l’irradiation, on enlèvera la terre de surface sur 50 cm) une immense bulle transparente bleue-brune, couleur de ciel et de terre, ceci afin de ressembler aux habitats de Jumorani. A l’intérieur de cette bulle de petites maisons. Chacune accueillera un jeune homme, une jeune femme et 2 ou 3 enfants, garçons et filles. Ceci dans le but de re-créer des cellules familiales, indispensable aux enfants pour grandir en harmonie.
Le projet prévoit, depuis la cité-bulle, des passages enterrés pour rejoindre Espéranza ainsi que la grotte des Jumorani. Il est aussi prévu une école qui accueillera sans distinction tous les enfants. Le projet final pour l’avenir est de rassembler tous les terriens en un seul peuple.

Xavier pose alors une question pertinente : « Tout ça est bien beau, mais où allons-nous prendre les matériaux nécessaires à ces constructions ? »
Mac Arthur sourit : « j’avais prévu un gros stock de matériaux divers … tout cela se trouve réparti aux niveaux 14, 15 et 16. Et puis, nous démolirons tout ce dont nous n’aurons plus besoin dans la cité, telles les vitres des salles d’hibernation, qui se videront au fur et à mesure que s’édifieront les habitats extérieurs … Bref, le mot d’ordre sera : recyclage !  … sans tout démolir non plus, car  la majorité des Espéranziens réveillés continuera, bien sûr, à vivre dans la cité souterraine.

Mac Arthur et Christiansen demandent que les Jumorani soient invités à la construction de la cité : un travail commun pour un projet commun : intégrer ceux qui le voudront dans la cité, et en particulier, les plus jeunes, qui viendront partager jeux, école, soins etc …
Cela permettra d’intégrer assez vite les enfants, très perméables aux nouveautés, puis leurs parents, et peu à peu tous les autres. Les enfants et les jeunes Espéranziens  hibernants s’adapteront aussi plus facilement dans leurs nouvelles vies et leurs futures responsabilités.

35 – Un seul peuple divers et semblable
Années 2535 à 2550


Des années positives et actives. C’est avec un plaisir évident que les Jumorani apprennent  à manier la pioche, le marteau, la pelle et tous outils « tombant » dans leurs mains.
Ils aiment tellement ça qu’ils ont tendance à les emmener dans leur caverne !

Une première cité est habitable dès 2540. Une bulle abrite 10 petites maisons, il reste beaucoup de place pour de nombreuses autres. 20 jeunes gens entourent et élèvent 70 enfants, 40 filles et 30 garçons. L’école toute neuve et pimpante accueille ces enfants, mais aussi 15 jeunes Jumorani.
Régulièrement, c’est aussi à l’école que se réunissent les adultes Jumorani qui le souhaitent et une vingtaine d’adultes d’Espéranziens. Apprentissage de l’espéranto, de la lecture, de l’écriture, mais très vite aussi partage d’idées, d’activités comme le dessin, la peinture … Combien de soirées à rêver devant les illustrations des livres de la bibliothèque pieusement rassemblé par Mac Arthur !

Au milieu des petites habitations se trouve une placette, avec des bancs, des fleurs, du sable.
Les Terriens, comme ils ont choisi de s’appeler désormais, aiment à s’y retrouver souvent pour jouer ensemble, car ils ont appris à rire, à jouer aux boules, au ballon … La  nouvelle communauté apprend à vivre et grandir ensemble, s’entraidant chaque fois que cela est nécessaire.
Mac Arthur, sa femme Cécilia, Christiansen, aiment se joindre aux Terriens. Tous ont vieilli, bien sûr, beaucoup moins vite que la « normale », mais ils se sentent parfois un peu  fatigués. Peter et Lizbeth ont fait partie des jeunes adultes réveillés et Mac Arthur se sent très proche des 6 enfants qui grandissent dans les 2 foyers. Il joue le grand père avec bonheur ! (les rôles de grand pères et grand mères se sont distribués naturellement, les anciens se rapprochant des plus jeunes selon les affinités, les besoins et les désirs : rien que des élans du cœur !)

Une deuxième vague de petites maisons est en projet pour 2555. Les Terriens rassemblent les matériaux et, à  l’intérieur de la cité, déjà les médecins préparent le réveil des hibernants, futurs Terriens.

36 – Le rêve de Xavier
2 janvier 2550


Toute cette vie d’hier et du présent, après une succession de crises d’angoisse, parfois d’incrédulité, de hantise mais aussi d’espoir, d’émerveillement, de fierté d’avoir survécu au pire a métamorphosé le scientifique Xavier. Sa conception même de l’existence a subi maintes révolutions.

Mais ce soir il aimerait redécouvrir son amie d’enfance, celle de toute une partie de sa vie : Annabelle. Il lui propose un dîner en tête à tête, rare privilège qu’ils n’ont pu s’offrir tout au long de ces siècles d’une vie marginale de ce qu’ils auraient pensé vivre lorsqu’ils n’étaient que des adolescents encore sur les bancs de l’école.
Ce soir ils sont heureux de se retrouver tous les deux. Pourtant, dans les yeux de Xavier la lueur a changé. Son regard est amoureux. Tout ce passage de vie bouleversée n’a eu comme effet ce soir que de laisser la place à  la sérénité, au bonheur, à une seule envie… celle d’aimer ! La déclaration est courte mais explicite.

La magnifique Annabelle dont la beauté n’a fait que s’épanouir au fil du temps rougit ,  puis se met à rire timidement, signifiant à Xavier une autre manière d’envisager l’avenir. En des termes tendres, elle souligne sa passion d’amitié, elle veut lui faire savoir à quel point il est  son frère de cœur. Elle lui dit la confiance qu’elle a toujours eu envers lui, à travers les épreuves, aussi terrifiantes, aussi redoutable furent-elles. Depuis l’enfance, elle a toujours su  qu’il n’y aurait que la mort pour les séparer… Mais l’amour est une autre aventure…

Et elle lui confie que son cœur est déjà pris. Oh bien sûr, Xavier était si occupé par sa fonction au sein d’Espéranza qu’il n’a rien vu ou peut-être inconsciemment n’a-t-il rien voulu voir. Annabelle lui annonce qu’elle espère se fiancer avec Simon le géologue, un des premiers de l’expédition « Sortie sur Terre ».

Au fond Xavier, assagi et relativiste modèle, ne lui en veut pas. Il ne la comprend que trop bien ! En faisant sa demande, il s’était demandé s’il n’obéissait pas à une impulsion qu’il pensait inévitable, voire obligatoire ; cela faisait tellement longtemps qu’ils s’aimaient, tous les deux … Oui, Annabelle a raison : ils s’aiment … mais il a confondu amitié et amour !
Alors, c’est en souriant qu’il lui répond qu’il réussira bien à trouver une charmante dame de la tribu Jumora qui saura reconnaître tous ses mérites et son charme !
Annabelle est rêveuse … une telle union est-elle possible ? Le couple pourrait-il assurer leur descendance et avoir des enfants normaux ?

Voici bien un nouveau défi pour les Terriens que nous sommes aujourd’hui, songe Xavier … une énigme scientifique qui me tente assez …

37 – Juminia

Ce que Xavier ne pas dit à Annabelle, c’est que depuis 1 an, il rencontre régulièrement, en un hasard bizarre, une jeune Jumorani-Terrienne de 15 ans.

La jeune sœur d’Anguelus, Juminia a le faciès humanoïde, mais aussi de grands yeux de biche qui mangent son visage. Son corps svelte et ses gestes aériens fascinent Xavier, qui voit en elle une nymphe, un être surnaturel. Comme son frère, elle est vive, intelligente et a appris très vite à apprécier les Espéranziens. Elle a donc accompagné Anguélus dans ses visites à la ville souterraine, posant beaucoup de questions, et dès qu ‘elle se sentit apte, aidant les femmes dans toutes les tâches quotidiennes : cuisine, soin aux hibernants, ménage … etc…

Dans la cité souterraine, l’endroit qu’elle aime entre tous est le lac. Dès qu’elle le peut, elle va s’asseoir sur un banc, humant l’air chargé du parfum des fleurs … elle aime aussi se rouler dans le sable, juste en bordure du lac si paisible …
Et c’est là que Xavier la découvre un beau jour, se roulant comme un jeune chat, et riant aux éclats ! Il ne le fit pas exprès, mais pour lui aussi, le lac est aussi le lieu de repos privilégié. La bouche ouverte, béat d’admiration, il la regarde longtemps, caché derrière un arbre ! … puis, son esprit le traitant de « voyeur », il avance vers elle, rouge de honte.
Juminia se sauve en riant …elle joue … elle ne le craint pas, elle le connaît … elle aussi l’observe en cachette, depuis des mois déjà ..  mais au fond d’elle, elle se sent si différente, son cœur lui dit pourtant qu’elle veut être toujours près de lui.

Au fil des jours, des mois, les rencontres se multiplient. Chacun cherche à rencontrer l’autre… des prétextes, des excuses …
Peu à peu, Xavier l’apprivoise et lui raconte l’histoire du renard du petit prince. « Tu veux être mon amie, lui demande-t-il ? » Elle ne sait rien des renards, ni des petits princes, mais elle veut bien être son amie : elle comprend le terme « apprivoiser » dit-elle, mais préfère le verbe aimer !
Belle et innocente, Xavier a peur de la blesser en disant son attirance … (il n’ose pas employer le mot amour, qu’il croit réservé à Annabelle)

En cette fin de soirée du 2 janvier 2550, il quitte Annabelle et ses pas le conduisent, comme une douce habitude, vers le lac et vers Juminia. Des mots se bousculent dans sa tête : …  un nouveau défi pour les Terriens que nous sommes aujourd’hui … une énigme scientifique qui me tente  …  
Juminia  est là, accroupie au bord du lac, faisant couler du sable entre ses doigts, et elle chantonne d’une voix claire un refrain qu’elle appris l’après midi avec les enfants de l’école.

Xavier s’arrête, la regarde. Elle doit sentir son regard car elle se retourne et sourit. Que se passe-t-il entre eux ? quelle alchimie fait battre leurs cœurs à l’unisson ?
Plus rien n’existe : ils se rejoignent et s’enlacent, leurs lèvres se trouvent, leurs corps s’épousent …

38 – Elle s’appelle Espérance

30 Mars 2550
La communauté des Terriens se réunit ce jour pour un grand événement. La petite place de la nouvelle cité terrestre est pavoisée de fleurs. Dans l’air flottent des effluves de sucre et d’épices. Des tréteaux chargés de nourriture et de boissons attirent l’œil et mettent l’eau à la bouche.
Christiansen, Mac Arthur et sa femme, Annabelle, Anguélus et tous les Terriens, si nombreux maintenant qu’il devient difficile de les nommer sont là et font cercle autour d’un couple debout sur la margelle du bassin. Xavier et Juminia se sourient, chacun perdu dans le regard de l’autre.


Christiansen s’avance vers eux, les regarde et dit : « Femme et Homme du passé, voulez-vous vous unir pour créer l’avenir ? »
Ensemble, Xavier et Juminia disent un grand Oui sonore ! Ils rient, ils sont heureux !
Xavier quitte Espéranza, Juminia quitte la grotte. Ce soir, ils dormiront dans une des maisonnettes neuves, sous le dôme de la cité terrestre.
La fête va durer toute la nuit et même, pour certains, le lendemain, car ils auront mal au ventre, au cœur, aux cheveux !!!

Les mois passent … Xavier et Juminia invente l’avenir …
Et le 25 décembre 2550, Annabelle demande un rassemblement immédiat : chacun est invité à laisser en plan ce qu’il fait et à se rendre au plus vite sur la placette de la nouvelle cité, car une nouvelle d’importance doit leur être communiqué.
La petite place est noire de monde  … Espéranziens et Jumorani se serrent les uns contre les autres afin d’être au plus près d’Annabelle, debout sur la margelle du bassin.

Et soudain, un mouvement de foule se fait tant bien que mal et Xavier s’avance vers Annabelle, rayonnant, et tenant dans ses bras un nouveau né !
Il la tient haut à bouts de bras … le poupon pleure … Annabelle dit alors : le bébé est né, c’est une belle petite fille !
Et Xavier de rajouter : « Elle s’appelle Espérance »


FIN
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