UNE SOIREE MEMORABLE

Une soirée mémorable

PERSONNAGES : Amélie Lamourette, Germaine Lamourette : deux vieilles filles célibataires , professeurs dans un collège .

Michalon, Delor, Laprune, Pitou : élèves du collège . 
Duroc: un voisin des Lamourette .
Deux gendarmes .
C'est le soir, les demoiselles Lamourette rentrent de leur travail .
AMELIE : Quelle journée ! Je suis épuisée ! Ces gamins sont insupportables ! On se demande ce qu'ils foutent dans les collèges ! Tous des bons à rien ! Tiens c'est comme Michalon le fils du roi des pavillons! Michalon ne me rend pas sa dissertation : je lui colle un zéro ...il les collectionne ! Hé bien ce morveux se plante devant moi et me dit :" J'en ai rien à cirer , vieille bique ! "
Evidemment je suis allée chercher le Directeur. Viré le Michalon ! Quand je pense qu'il faut encore corriger leur tas de sottises ! Tiens, voilà Germaine !
GERMAINE :Bonsoir Amélie ! Ca fait du bien de se retrouver chez soi ! Dure journée ! Et pour toi ?
AMELIE : Oh ! ne m'en parle pas ! Je suis furieuse ! Figure-toi que ce morveux de Michalon a osé me traiter de "Vieille bique " !
GERMAINE : Hé bien c'est le jour ! Moi, c'est Delor ! ce fils de voleur qui a osé m'appeler, moi, Gemaine Lamourette de " Grenouille de bénitier " et toute la classe s'est mise en prières ! Lui aussi a été viré !Ce n'est pas une perte !
AMELIE : Curieux ! Delor, c'est bien le grand copain de Michalon ? Tiens, tiens, ils s'étaient donné le mot, ces petits voyous !
GERMAINE : Ca ne m'étonne pas : ce sont deux brebis galeuses ! maintenant , on aura la paix ! Sans leurs chefs les autres vont filer comme des agneaux !
AMELIE : En attendant , il faut encore corriger leurs âneries !
( Elles se mettent au travail en faisant des commentaires . Tout à coup on entend au dehors des bruits bizarres . )
AMELIE : Tu entends Germaine ? (Elles écoutent ) . Qu'est-ce que cela peut bien être ?
GERMAINE : Je ne sais pas , va voir !
AMELIE : Va voir, va voir, Je n'ai pas que ça à faire !
(Le bruit continue avec insistance .)
GERMAINE :Mais c'est agaçant ! Allons voir !
(Elles sortent toutes les deux et reviennent )
GERMAINE ; Tu as vu quelque chose toi ?
AMELIE: Non , rien, Et toi ?
GERMAINE : De toutes façons, ça s'est arrêté. Sans doute des gamins qui s'amusent !
AMELIE : Ils ne sont jamais couchés! Les parents n'ont plus aucune autorité !
(Elles se remettent au travail ) .
GERMAINE : ( tenant une feuille à bout de bras .) Et voilà le travail de Laprune : six lignes ! Pas une de plus ! Tout y est même la confiture du goûter ! Beurk ... 1/20 ...pour l'encre et pour la confiture !
AMELIE : Répugnant ...Ils se foutent de nous ! ( Elle dresse l'oreille . Les bruits ont repris .) Tiens, ça recommence ! Qu'est-ce que ça peut bien être ?
GERMAINE : Il faut aller voir . ( Elle va chercher deux lampes électriques .)
Toi, tu fais le tour sur la rue, moi je vais du côté du jardin .
(Elles sortent chacune de leur côté. Les bruits se sont subitement arrêtés. )
AMELIE : Tu as trouvé quelque chose ?
GERMAINE : Non, rien , absolument rien !
(Les bruits recommencent .)
GERMAINE : Oh ! non ! c'est insupportable à la fin, retournons voir toutes les deux .
(Elles sortent ensemble . Les bruits cessent . )
(Pendant leur absence ,rentre une espèce d'extra-terrestre .Il fait le tour de la pièce déchire les copies et coupe le fil du téléphone ,tout cela sans dire un mot . )
Amélie et Germaine reviennent .
GERMAINE : Oh ! Oh! on a eu de la visite !
AMELIE : Toi et tes idées de laisser la maison seule ! On s'est bien faites avoir ! Les voleurs nous ont attirées dehors avec leurs bruits bizarres et se sont servis !
GERMAINE : l'argent ? (Elle se précipite vers un tiroir .) Tout est là !
AMELIE : Ce n'est pas ordinaire ! (Les bruits recommencent . )
GERMAINE : Amélie, j'ai peur !
AMELIE : il faut téléphoner aux gendarmes . (Elles se précipitent vers le téléphone . Germaine fait le numéro . )
GERMAINE : Il n'y a pas de tonalité !
AMELIE : Laisse-moi faire, tu paniques ! (Elle refait le numéro .) Ca ne marche pas ...Bien sûr, on a coupé le fil ! Qu'est-ce qu'on va faire ?
GERMAINE: Je...Je ... ne ... sais ... pas ... J'ai peur ....
AMELIE : Je n'en peux plus ! Allons fermer les portes à clé !
(Elles partent chacune vers une porte . )
GERMAINE et AMELIE : Ah ! Ah ! Au secours !
(Deux martiens entrent de chaque côté tenant Germaine et Amélie qui hurlent et se débattent . )
AMELIE : Au secours ! des martiens !
GERMAINE : Au secours ! des extra-terrestres !
AMELIE (qui se débat ) Lâchez-moi ! Lâchez-moi !
GERMAINE : Au secours ! A l'aide !
(les énergumènes assoient les demoiselles sur des chaises, les bâillonnent et font une danse effrenée autour d'elles . Michalon entend du bruit, fait un signe à ses camarades . Tous déguerpissent . )
( Duroc: le voisin arrive .)
DUROC : Vous avez entendu ? Oh ! pauvres demoiselles Lamourette !Il était temps que j'arrive !Primo : appeler la police ! (les demoiselles essaient de lui faire comprendre que c'est inutile mais il n'en tient pas compte .Il se dirige vers le téléphone . )
DUROC : Tiens,il n'y a pas de tonalité !Ah ! je comprends, on a coupé le fil ! Très grave . Bon ! libérons ces braves demoiselles ! Voilà ! Voilà ! Du calme (Il enlève le baîllon d'Amélie . )
AMELIE : Les martiens ! Vite ! Vite ! ( Elle aide Duroc à libérer Germaine . )
GERMAINE : Les extra-terrestres ! Oh ! Amélie !
AMELIE : ( à Duroc : ) Vite, vite, allez les rattraper !
DUROC : Qui ?
AMELIE : Les martiens !
GERMAINE : Les extra-terrestres !
DUROC : Toquées ! complètement toquées ! Elles ont perdu la tête !
(Elles se précipitent sur lui . )
GERMAINE ET AMELIE : Les martiens, les extra-terrestres vite courez ! Vite !
(Duroc se dirige vers la porte . Elles s'accrochent à lui . Duroc se dégage comme il peut, les demoiselles se cachent où elles peuvent . )
DUROC : Des martiens ! des extra-terrestres ! Rien que ça ! elles sont complètement cirées ! (Il sort . Les énergumènes reviennent,sortent les demoiselles de leurs cachettes et les obligent à danser une ronde infernale. Entendand un bruit le chef fait un signe et tous décampent . Les deux demoiselles se serrent l'une contre l'autre . Duroc revient accompagné de deux gendarmes . Amélie et Germaine se précipitent sur eux dans un grand désordre . )
GENDARME 1 : là, là, calmez-vous, nous sommes là, vous ne risquez plus rien !
DUROC : Je vous l'ai dit : ça leur a tourné le ciboulot .
GENDARME 2 : Qu'est-ce qu'on vous a pris ?
GERMAINE et AMELIE : Les martiens, les extra-terrestres, vite, courez les attraper,ils viennent de sortir !
DUROC : Rien à faire, je vous dis, elles sont toquées !
GENDARME 1 : Bon! bon !oui, oui, on va les attraper !
GENDARME 2 : Suivez-nous, on y va ! 
(Les gendarmes sortent avec les demoiselles . Duroc reste seul, ramasse les papiers .)
DUROC : Pauvres demoiselles ! Elles ont reçu ! Elles vont avoir du mal à s'en remettre ! Des martiens ! des extra-terrestres ! La bonne blague ! Confondre des voleurs avec des gens du ciel !
(Les bruits recommencent . Duroc tend l'oreille )
DUROC : Toujours ce bruit bizarre, c'est énervant ! Il se dirige vers la porte et on entend "Au secours ! A l'aide ! des martiens ! " ( Les énergumènes rentrent ,enlèvent leurs masques . )
MICHALON : Pauvre Duroc ! Je ne l'ai jamais vu courir aussi vite !
DELOR : Qu'est-ce que j'ai rigolé ! Les Lamourette, on les a bien eues ! Merci les copains !
LAPRUNE : Moi, j'ai cru que l'Amélie allait me mordre !
PITOU : Et la Germaine, je croyais qu'elle allait avoir une attaque ! Elle roulait des yeux tout blancs !
MICHALON :On ne les reverra pas de sitôt les Lamourette ! cette fois elles sont complètement à la masse !
DELOR: Et les flics ! ils ont tout avalé : ils les ont prises pour des folles !
LAPRUNE : ( fouillant dans les copies ) Tiens ma disserte ! 1/20 pour l'encre et la confiture !
PITOU : Déchirons le reste des copies, ce sera autant de gagné !
MICHALON : Pas de mal pour la mienne je ne l'avais pas faite sa disserte !
DELOR : Eh ! les copains ! on a laissé filer Duroc ! Il est bien capable d'avoir prévenu les flics !
LAPRUNE : Il a raison, il faut filer en vitesse !
PITOU : Trop tard , les voilà !
(Honteusement, ils reculent devant les gendarmes . )
GENDARME 1 : Tiens, tiens, les voilà nos fameux martiens ! 
GENDARME 2 : Mais qui vois-je ? Le petit Michalon c'est papa qui va être content !
GENDARME 1 : Hé ! hé ! le jeune Delor ! quelle surprise ! Tu es tombé du ciel ?
GENDARME 2 : Mais,je ne me trompe pas, c'est Laprune ! le fils du notaire ! Du beau monde !
GENDARME 1 : Evidemment, il ne manquait que Pitou, l'enfant chéri du pharmacien ! On est dans le gratin !
GENDARME 2 : Je ne suis pas mécontent de cette rencontre ! A entendre les parents ces chers petits sont très bien élevés ! On va s'occuper de vous !
(Duroc entre avec les demoiselles Lamourette .)
DUROC : Les martiens ! Ils les ont eus !
GERMAINE :Delor ! Pitou !
AMELIE : Michalon ! Laprune !
GARMAINE : Voilà donc nos martiens !
AMELIE : On a l'air malin toutes les deux !
GERMAINE : On a l'air de quoi ?
MICHALON : De " vieilles biques !"
DELOR : De grenouilles de bénitier !
GENDARME 1 : Vous, n'aggravez pas votre cas !
GENDARME 2 : Vous ne trouvez pas que ça suffit comme ça ? Allez, ouste ! 
Au poste ! 
(Les gendarmes les poussent . Germaine et Amélie les aident ! )
GERMAINE : Quel gâchis !
AMELIE : Braves petits, c'est ça de moins à corriger !
GERMAINE : Que vont-ils leur faire ? Au fond, ce n'était pas bien méchant !
AMELIE : Finalement cela aurait même pu être drôle ! Nous nous sommes faites avoir comme des gamines !
GERMAINE : C'était bien monté leur pièce ! Ils pourront peut-être réussir dans le théâtre !
AMELIE : Dis, Germaine , les flics ne sont pas tendres , si on allait plaider leur cause à ces sales gosses !
GERMAINE : Au fond, tu as raison ! Le poste de police est à deux pas ! Allons- y ! 
AMELIE : On va faire ce qu'on aurait dû faire ! Prendre tout ça à la rigolade !