Petit Pierre, un monde nouveau (chroniques des mondes impossibles)

Petit Pierre, un monde nouveau (chroniques des mondes impossibles)

Petit Pierre regardait sans cesse le ciel, rêvant de pouvoir aller le voir de plus près … Ses copains de classe l’invitaient à jouer au foot, sa maîtresse l’invitait à participer aux divers jeux dans la cour …. Mais lui, il préférait s’asseoir dans un coin un peu caché, et il passait ainsi son temps à rêver devant des photographies d’astronautes, de planètes lointaines aux couleurs chatoyantes !

Quand sonnait l’heure de la reprise de la classe, il fermait son livre et se mettait sagement dans le rang…. Bien souvent, celui à coté de lui lui chipait son livre et le faisait passer de mains en mains, jusqu’à ce que la maîtresse se fâche : ainsi, le livre, emprunté à la bibliothèque, lui revenait déchiré, tâché …. Et c’est comme ça qu’il fut banni du royaume des livres ! Il pouvait les regarder sur place, mais ne pouvait en emporter aucun !

Il rêvait … et de bon élève, il devint moyen, puis mauvais élève … Ses parents ne comprenaient pas, ni aucun adulte … Le psychologue évoqua un cas rare d’autisme et on parla d’école spécialisée …

Petit Pierre piqua la première colère de sa vie : « Je ne suis pas fou ! je sais ce que j’ai vu ! je vous ai tout raconté et vous vous êtes moqués de moi : des petits bonhommes verts !!! Vous ne comprenez rien, je sais que je vais partir les rejoindre !!! » Ses parents riaient, riaient !!!
Il voulut expliquer, mais les adultes se moquaient, riaient !

Il hurla, trépigna, cria, cassa tout dans sa chambre et surtout les objets qu’il aimait le plus, dont son télescope ! « Tout cela ne sert plus à rien » !  


Puis, il se mura dans un silence sans faille … il mangeait à peine, restait des heures sans rien dire, rien faire, immobile, assis sur une chaise …

Mais, fait nouveau, ses parents l’entendaient pleurer la nuit … puis, après une petite période de calme, il parlait à voix basse … et …. mais, n’était-ce pas une autre voix qui répondait ? … non … des cliquetis, des légers sifflements  … rien d’intelligible … Ils voulurent savoir ce que cela signifiait : Papa ouvrit brusquement la porte : une lumière vive traça un éclair et disparut par un interstice de la fenêtre. Petit Pierre semblait dormir … ?

Son père referma doucement la porte … et Petit Pierre tourna son regard vers sa fenêtre : ses yeux émettaient des éclats verts et son corps se transformait ! …

Il n’avait pas peur : cela faisait bien longtemps qu’il avait repéré une drôle d’étoile, très brillante, juste à coté du clocher qu’il avait pris comme point de repère…. Une étoile ? hum… non… cela ne bougeait pas. Et il avait compris – vérifié avec son télescope – que ce n’était pas une étoile, mais un engin spatial : sonde ou vaisseau ?

Une nuit, il se réveilla car une vive lumière le gênait : debout, à coté de son lit se tenait un enfant. Habillé tout de bleu, sa peau avait des reflets jaunes, il lui souriait et lui parla. Sur le coup, Petit Pierre ne comprit pas. L’enfant lui mis un appareil sur la tête et d’un signe, lui fit comprendre : « ferme les yeux ! »…. Combien de temps cela dura-t-il ? En ouvrant les yeux, Petit Pierre vit que le jour se levait : il avait dormi, et rien n’avait bougé dans sa chambre : l’enfant n’était plus là et sur sa tête, il n’y avait rien ! « j’ai du rêvé ! » …

Pourtant, des mots inconnus tournaient dans sa tête, et dans la glace qui faisait face à son lit, il se reconnut, mais si différent ! Son corps, mince comme un fil, blanc-bleu brillait et lançait des éclairs rouges !
Il entendit clairement « viens nous rejoindre, nous sommes les enfants du futur et nous préparons la terre pour les générations prochaines »
Petit Pierre n’hésita pas, il savait. Il avait dit « au revoir » à ses parents, même si eux n’avaient pas compris …
Il se glissa par la fenêtre entre-ouverte et sans élan, il monta vers l’engin et vers son avenir, son destin.
Et passa le temps ….


Les jours, les mois, les années, 150 ans … De la navette et de leurs incursions sur terre – ils pouvaient reprendre leur aspect humain quelques heures – ils voyaient leur planète de naissance changer : de moins en moins de ciel bleu, mais une grisaille perpétuel sur laquelle un pâle soleil donnait une lumière blafarde … de l’eau … partout … quelques terres sur lesquelles s’entassaient des humains. Des constructions flottantes et quelques jardins flottants, eux aussi. Pas un chant d’oiseau, pas un cri d’animal … un silence pesant ! Parfois, un « plouf » signalait une mort, volontaire ou non …

Parfois, les cieux s’ouvraient et « La Parole » résonnait ! … mais plus personne ne savait l’écouter : chacun tourné vers lui-même, plus personne ne voyait ni ne savait ce qu’était un voisin, un ami …

Pourtant, il y eu un jour différent : La Parole appela les jeunes à se mettre en marche … Sur cette terre inondée, IL leur traça un chemin, et ce chemin se séparait en plusieurs pistes d’où l’eau se retirait … Il leur dit de construire des cabanes, de cultiver les terres asséchées.

Quand cela fut fait, ils virent venir à eux des jeunes filles. Elles aussi étaient des « appelées ». Ensemble, ils créèrent des familles où les couleurs n’avaient d’importance que la beauté…

Partout des animaux, des oiseaux jouaient et nourrissaient les enfants. Petits d’hommes et petits d’animaux se mêlaient …
Leurs corps à tous étaient parfaits, la maladie n’existait pas, et seul l’échange et l’entraide avaient cours. Des jardins extraordinaires donnaient légumes et fruits. Partout, La Parole guidait, aidait, instruisait.

Nouvelle ère, Nouvelle terre, Nouvelle Alliance.

La Parole est Bonne Parole et leur dit : « je vous donne tout. A vous de recommencer à créer du beau, du bon, de l’entraide, de l’Amour, car en définitive c’est le mot qui dit et fait TOUT. »

Mais … attention … je vous offre un autre cadeau : LA LIBERTE : celle de vos choix, de vos actes, car une Bonne Terre est une terre qui n’enferme pas dans des doctrines ou des lois.

Vivez en harmonie, mais ayez toujours au fond de vous que la destruction apporte la destruction, et que le mal apporte le mal … Il suffit d’un rien !

Sauront-ils habiter cette nouvelle terre dans le partage, le respect et l’Amour ?
Qui le dira ?

Genem 2020