Sketch : Au revoir la vache !

Sketch : Au revoir la vache !

PERSONNAGES : Alfred : paysan d'une quarantaine d'années et Totor : paysan du même âge

Alfred, seul : il se frotte les mains : Bonne affaire ! Il est malin, l'Alfred ! Il n'a pas l'air, mais faut pas le prendre pour un fou !
Totor arrive dans l'autre sens : Tiens, Alfred ! Qu'est-ce que tu fais par ici de si bon matin ?
A : Salut, Totor ! Eh bien ! je viens de la foire !
T : de la foire ? Mais il n'y a encore rien sur la foire à cette heure !
A : Non, non ! Les marchands s'installent seulement, mais j'y retournerai tout à l'heure, quand je me serai rasé et changé.
T : Tu ne me feras pas croire que tu es allé voir s'installer les marchands ?
A : Sûr que non ! Je n'ai pas de temps à perdre ! Je suis tout simplement allé conduire la Jeannette !
T : la Jeannette ? C'est une marchande ?
A : Que tu es bête ! La Jeannette, c'est ma vache ! Enfin, une de mes vaches, et pas la plus vilaine, une sacrée laitière !Même que ça m'ennuie bien de m'en séparer !
T : Vendre une vache ? toi, Alfred, et à la foire , en plus ! Tu as donc besoin d'argent ?
A : Eh, oui ! Comme tu dis ! Figure-toi que je marie la Louise !
T : La Louise ! Compliments !La Louise, ça c'est une belle fille ! et forte comme un homme ! Et travailleuse ! J'espère que tu la maries bien ?
A : Oh, pour ça ! Elle n'a pas choisi n'importe qui ! C'est quelqu'un qui a du bien et qui a de la fortune !
T : Mais alors, s'il a de la fortune, pourquoi vends-tu une si bonne vache ?
A : hé ! Dame ! Pour payer les noces ! Ce sera un grand mariage ! Et la coutume veut que ce soit moitié-moitié ! Ce n'est pas parce que le fiancé est plein aux as qu'il va tout payer ! Je suis plus fier que ça ! C'est moitié-moitié, alors, j'ai vendu la Jeannette ! Voilà !
T :mon pauvre Alfred ! Toi si près de tes sous, tu ne vas jamais t'en remettre ! Tu te rends compte, sacrifier une laitière pour nourrir et abreuver tout un troupeau de gens qui ne se gêneront pas pour s'en mettre plein la panse ! Alors, toi, tu m'étonnes ! ça ne te ressemble pas.
A : (qui se met à rire) Faut pas, faut pas, Totor ! Totor, il ne faut pas t'étonner : je n'ai pas changé en une demie journée !
T : Je me disais bien qu'il y avait quelque chose de pas normal, je te connais depuis l'école primaire, alors, tu penses ! … Allez, raconte !
A : C'est tout simple ! Mon futur gendre est maquignon, et il ne me connaît pas encore !
T : Qu'est-ce que ça change à l'affaire ? j'ai beau réfléchir … je ne vois pas !
A : Mon pauvre Alfred ! tu n'es pas bien malin ! Pas étonnant que tu ne fasses pas fortune !
T : Ca va ! ça va ! tout le monde ne peut pas être aussi filou que toi ! Heureusement !
A : Je t'ai dit que mon futur gendre était maquignon. Alors, je lui ai vendu la Jeannette ! Et comme il va épouser ma fille, la Jeannette, elle ne sort pas de la famille ! (il rit) et finalement, le maquignon plein aux as, sans s'en rendre compte, il va payer tous les frais de la noce !
T : Ah, Ah, Ah !!! Sacré Alfred ! celle-la, elle est bien bonne ! Il faut l'arroser ! Allons boire un coup chez la Ginette, c'est moi qui paie la tournée, tu l'as bien méritée !