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 LE JUGEMENT des "AUTRES"

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Chat Alors

Chat Alors


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MessageSujet: LE JUGEMENT des "AUTRES"   LE JUGEMENT des "AUTRES" Icon_minitime1Sam 5 Mar - 16:16

Le Jugement des "autres"

Nous sommes dans les années 1990, quelque part en France dans ce pays de liberté et d'égalité.

Mais dans ce village de la France profonde, on oublie ses principes fondamentaux, surtout quand il s'agit d'un couple nouveau venu et  ayant la couleur noire de surcroît.

Aurélien et Maité, ont vingt-cinq ans tous les deux, ils sont venus dans ce village pour faire leur vie à la campagne.

Ils ont acheté une vieille ferme à l'abandon et un grand lopin de terre fertile et ont bien l'intention d'y faire pousser des légumes bio, surtout qu'ils ont un puits relié à une source importante et absolument saine. Bref, tout ce qui faut pour réussir, d'autant plus qu'ils ont le courage et la volonté de travailler  dur pour mener à bien leur projet.

Ils commencent par défricher leur vieille ferme, tout enlever ce qui est cassé, usé ou inutilisable. S'en suit un grand coup de balai et voilà : on y voit déjà mieux. Tous les deux, assis sur de vieux tabourets brinquebalants, ils organisent les pièces, la décoration de celles-ci, et font la liste des achats à faire pour les travaux.

Le soir tombe, il est temps pour eux de monter leur tente de camping, une grande tente pour six personnes, pour y être à l'aise, un coin nuit et un coin repas, il faudra bien deux ou trois mois pour faire les travaux de la ferme si tout se passe bien.

Mais ... pendant ce temps, au bar du village, ça jase dur. Vous avez vu les nouveaux qui ont acheté la ferme du pauvre Émile ? Ils sont noirs et en plus j'ai entendu dire qu'ils voulaient faire des cultures "bio". "Des noirs qui jouent aux paysans, voyez-vous ça!  Sont complètement fadas ces deux là, je vous le dis"... ainsi parle Julien, le plus gros paysan du village, qui aurait voulu acheté cette ferme mais qui n'a pas pu. Tout ça parce que le vieil Émile avait fait un acte notarié, informant le notaire qu'il était hors de question que le Julien achète sa ferme pour s'agrandir encore. Faut dire que le Julien est bien le plus important fermier du village avec la moitié des terres de la commune et qu'il est aussi le maire. Il se comporte en châtelain, ce qu'il n'est pas, mais que ne ferait-il pas se faire mousser auprès de ces  concitoyens et être le maître des lieux. Tout le monde doit penser comme lui et lui obéir sans broncher.

Dans le fond de la salle, une voie s'élève, une voie douce et féminine, celle de Jeanne, une vieille fille, jamais mariée, mais que tout les villageois auraient aimer lui passer une corde au cou et un anneau au doigt tellement qu'elle est belle malgré ses cinquante-cinq ans. «laisse les faire, ils vont vite comprendre que la vie rurale n'est pas faite pour eux et ainsi tu pourras  racheter leurs biens». un énorme cri de joie soulève les consommateurs présents dans le bar, surtout qu'ils savent que Julien et Jeanne sont amants même si ils font tout pour être discrets. Vaut mieux faire les ignorants que d'affronter les colères de Julien.

Aurélien et Maité ont fini de monter leur tente et commencent à se préparer à manger. La gazinière est prête, la bouteille de gaz et relié à cette dernière, et un grand faitout d'eau salé est entrain de chauffé, Maité épluche les légumes et Aurélien découpe un poulet pour mettre dedans. Ce sera leur repas pour ce soir et demain midi.

Dans la nuit, il y a un gros orage qui illumine le ciel de ses éclairs et le tonnerre gronde tout près. Aurélien et Maité sont réveillés en sursaut et entrouvre un peu la tente, des trombes d'eau tombent déversant des litres et des litres de flotte, une chaleur humide se fait sentir et pénètre dans la tente.

Maité a peur et se réfugie dans les bras d'Aurélien, il l'a prend contre lui et lui dit des mots pour la rassurée entrecouper de mots doux, de mots d'amour. Mais il n'en mène pas large lui aussi. Il a vu le sol détrempé et la pluie passé par le toit de la maison, il sait qui va falloir refaire le toit, trouver des tuiles et se faire prêter des échelles par les gens du village. Mais il a peur du refus de ceux-ci, il sait qu'ils ne sont pas les bienvenus dans le bourg, la couleur de leur peau dérange les gens simples du coin et le fait qu'ils ai pu acheter la ferme déplaît à beaucoup de monde dans le coin et en particulier à M. le Maire.  Que vont-ils devenir?

Au petit matin, ils vont voir les dégâts, le sol est inondé par 10cm d'eau, de gros trous dans le toit, il faut vite refaire le toit et trouver des tuiles, Aurélien demande à Maité de commencer par racler l'eau et la faire aller dehors. Lui, il va se rendre au village dans l'espoir de trouver des tuiles en quantité suffisante pour boucher les trous ainsi que des échelles. Il part à grandes enjambées et à vite fait de rejoindre le village qui se trouve à moins de cent mètres de sa ferme. Il se rend directement au bar, où il pense trouverdu monde et des âmes charitables pour l'aider à réparer son toit.

"dring, redring" la clochette de la porte du bar sonne à son entrée. Il referme soigneusement la porte et dit bonjour Messieurs, Dames! ... Il y a d'abord un silence ... et du fond de la salle une voix lui dit « sale temps cette nuit, pas trop de dégâts chez vous ?». c'est Jeanne qui vient de parler et qui se lève pour venir le saluer, à la surprise des villageois présents dans le bar.
Aurélien dit « bonjour madame, oui, vous avez raison, sale orage cette nuit, la ferme est inondée sur 10 cm de haut mais c'est pas le plus grave. Le plus important, ce sont les trous dans le toit qu'il faudrait reboucher au plus vite et je venais voir si parmi les habitants de la commune, il y aurait des personnes qui pourrait me donner ou me venfre des tuiles, même usagées et il me faudrait aussi deux ou trois échelles ».

Julien qui jusqu’à présent n'avait rien dit, proclame de  sa voix se stentor : "des tuiles et des échelles qu'il te faut petit, compte pas sur nous pour les trouver, démerde-toi tout seul ». et un immense éclat de rire secoue l'assemblée !

Mais une autre voix s'élève, c'est Antoine, le plus ancien des villageois qui dit « quel est ton prénom petit ? »
« Aurélien monsieur »
« moi, c'est Antoine mais tout le monde m’appelle Toine. Moi, je vais te donner tout ce que tu as besoin comme matériel, et je te jure qu'il y va avoir du monde pour te donner un bon coup de main pour réparer ta ferme ! Il ne sera pas dit que la solidarité entre les gens du village n'existe pas »

« Merci monsieur Toine, vous m'êtes d'un grand secours et je vous revaudrais çà, je vous le promets »

Toine reprend la parole en s'adressant à ces concitoyens
« allez les enfants, bougez vous, il y a du travail, allez chercher les tuiles sous mon hangar et attention à ceux qui voudraient en cassées au passage, et toi, Julien, tu prêtes tes échelles et pas question de refuser ».
Julien réplique: «  mais Toine, je peux pas faire ça, il est noir, le môme »
Toine, toi, « tu as bien épousé une Marocaine ? t'es devenu raciste d'un seul coup, que va dire Djamila si elle apprend ça »

La porte du fond de la pièce s'ouvre brutalement sur une belle femme de 45 ans, aux grands yeux noirs, vêtue d'une grande et ample robe bleu ciel et elle dit « Julien, tu aides les enfants à refaire leur ferme et que tu te bouges ! ... et si tu la ramènes, tu iras dormir dans le foin, si mon Dieu le veut bien, sinon se sera dehors, et grouille-toi, ça urge, sinon, ils vont encore passer la prochaine nuit dehors ».

« Tu as dit que tu t’appelais Aurélien, c'est ça ? »
« oui, madame et ma femme, c'est Maité »


« Bien ! vous deux, vous venez dormir à la maison, tant qu'il y aura des travaux chez vous, Maité m'aidera à faire les repas pour tous ceux qui vont travailler chez vous »

« Madame, Maité sera ravie de vous aidez à faire la cuisine et tout ce qu'elle pourra faire pour aider »

« C'est bien, les hommes vont se bouger et emmener tout le matériel sur place et cet après-midi ... En avant pour les travaux , ils seront en forme, je vais faire un couscous de mon pays !
Vas, rentre chez toi et dit à Maité de venir me rejoindre, on a du travail toutes les deux pour cuisiner pour ces messieurs et soyez tous là pour treize heure, sinon les assiettes resteront vide »

De suite, un grand bruit de chaises résonne dans le bar et les ordres fusent  dans dans tous les sens. « vous autres, là, les quatre, chez Toine pour les tuiles et vous deux allez chercher vos tracteurs et des remorques pour transporter les tuiles. Toi Julien, prends ton tracteur, tes échelles (je sais que tu en as ... et des grandes) et rameute le plus d'hommes et de femmes possible avec des balais et des seaux pour nettoyer le sol et les murs. On se retrouve tous là-bas pour faire le point et savoir quels sont les matériaux qu'il faut pour leur faire un nid douillet à nos petits jeunes.

hé! Nom de d'là ! Le Toine, il a raison ! ça me changera de voir que des vieux à l'épicerie et de vendre autre chose que vermicelles et du gros rouge ! Foi de père Charles, On a la chance que des jeunes viennent s'installer au village ! On a assez rouspété qu'il n'y avait plus de jeunes gens dans le village, qu'ils étaient tous partis à la ville et il ne restait que nous, les vieux !!! ... J'espère bien qu'il y en aura d'autres qui viendront s'installer ici. Moi, j'y crois : avec la crise, les jeunes redécouvrent la terre, la nature, les vraies cultures, et nous, on a de la place pour eux, si des imbéciles ne les chassent pas !

Aurélien s'en va en courant rejoindre Maité, il arrive à bout de souffle à la ferme et s'asseoit sur une grosse pierre pour reprendre sa respiration. Inquiète, Maité lui demande ce qu'il a.  Aurélien lui raconte tout... déjà, Maité a quitté son vieux tablier tâché, attrapé quelques casseroles, des épices, quelques grands plats, et court retrouver Djamila. C'est qu'il y a le repas de midi et du soir à préparer ... et des hommes à nourrir !!!

Maité et Djamila se regardent et s'embrassent en souriant : il leur semble se connaître depuis toujours !

Trois semaines plus tard, la ferme est debout, douillette et chacun, chacune, dans le village a eu à coeur d'ajouter un petit quelque chose pour le confort du jeune couple ... surtout que le ventre de Maité s'arrondit et laisse présager un habitant de plus !
"Monsieur le Maire", appelé communément Julien est heureux de cette naissance, tout en grognant : "oui, mais ce petiot, il va être noir, comme ses géniteurs ! pas une gloire pour le village !"
Il a d'ailleurs pousser "la plaisanterie (qu'il dit)" d'offrir au couple un petit livre pour enfant, au titre évocateur : "la vie d'un petit esclave, rue case-nègres". En ouvrant le paquet, Maité est tombé en pleurant et a voulu jeter le livre dans le fourneau !
"Non, attends, dit Aurélien. Ce livre, je le garde. Ainsi, le petit découvrira ses racines profondes et je lui apprendrai comment, avec travail, fierté et honneteté, on arrive à être un homme, ou une femme libre !... Merci, Mr le Maire, c'est un beau cadeau !"

Le village a cru que le Julien allait en faire une jaunisse !!!!
5 mois ont vu les saisons défilées sur la ferme et les champs. De gros tunnels en plastique protègentes fraises, tomates, fruits et légumes fragiles, poussés en pleine terre et "bio" ... les habitants se régalent (car le petit hangar de vente a grand succès)!

Juin : Vint le temps de la naissance. Maité était si ronde que tous se demandaient si ce petit ventre s'abritait pas 2 enfants !
Aurélien s'empressa de sortir la 2 cw de la grange et y installa Maité avec précaution ... l'hôpital était à 25 km : donc, faire vite mais doucement, délicatement ....
Aurélien roulait, les yeux rivés sur les bas cotés ... de nuit, on a vite fait de faire un écart ! les vitres basculées, silencieux, il priait en silence ....
D'un coup, il ralentit  ... du coté gauche de la route, c'est un ravin qui descend jusqu'à une petite rivière, avec quelques arbustes dans la pente ... Aurélien fait une marche arrière, oui ! il a bien vu : il y a une lumière et des cris qui montent du bas du ravin !!!
Que faire ?    
Maité ne peut pas attendre, et en bas, on doit agir aussi très vite ...
Bon ! il est à 4 km de la petite ville : Là, il y aura les pompiers ... et l'hôpital, donc une ambulance ! Aurélien reprend la route, le plus vite possible, prenant quelques risques, mais 1/2 heure plus tard, les secours : pompiers, ambulance, sont en route pour ce sauvetage périlleux ... Maintenant, Aurélien peut se consacrer entièrement à sa femme !

En 1990, les papas attendaient dans le couloir devant la salle d'accouchement ... en buvant café sur café, en se rongeant les ongles, en pleurant, la tête dans les bras, assis sur une chaise ... c'est long, très long ... et il entend sa femme gémir, crier même  ! ll voit arriver un médecin, il a soudain très peur ! Il entend qu'on lui dit : Venez, on a besoin de vous ! il regarde autour de lui : oui, oui, c'est vous le papa, non ? Aurélien fait oui de la tête, incapable de parler ...

Maité est là, allongée, ouverte ... et en pleurs.
La sage-femme, le médecin disent à Aurélien : "Allez aider votre femme à pousser, tenez lui la main, soulevez lui la tête à chaque contraction ! on va y arriver, mais il faut se dépêcher les bébés souffrent, ils doivent sortir !"

Aurélien obéit sans tout entendre de suite, sans tout comprendre ... les bébés ? ... les ??...
Maité pleure et rit, attrape Aurélien, l'embrasse et lui broie la main en hurlant ! "Poussez, poussez ! là ... voilà une tête ! C'est un garçon, et un gros ! Coquin, c'est toi qui faisait blocage !"

Vite!Maité et Aurélien ont à peine le temps de le voir, que l'infirmière l'emporte ! "
"Allez, ne pas se relâcher, on continue !" ... Et déjà une petite frimousse hurlante se présente : Ah, je savais bien que ton frère te gênait ... Oh ! Jolie petite fille ! Allez, hop! dans les bras de papa pour la toilette : c'est à coté, monsieur !"

Quand les petits furent dans les bras de leur maman, Aurélien s'inquiéta pour le "sauvetage", en bas du ravin ...
Il se renseigna à l'accueil : Ah, vous voilà, lui dit un gendarme ! on vous cherchait pour votre déposition !
Ils ont eu de la chance que vous preniez le temps de les secourir ... sans vous ...
"Mais, que leur est-il arriver et qui sont-ils ?"
"Mais vous ne savez rien en fait .... c'est vrai qu'avec madame ..... Vous avez sauvé votre maire et sa femme ! hé oui !
Monsieur a une fracture du bassin, une belle plaie au crâne, et le genou droit explosé ! ... Madame, elle, a juste une belle fracture du fémur et divers petites plaies ... mais ... elle, elle n'avait pas bu et avait sa ceinture attachée ... Le village a été bien près d'élire un nouveau maire ! ... Merci pour eux"

Voilà ... le temps a passé ... Maité élève ses 2 enfants dans le respect et le partage. Jhonny et Juliette ont 5 ans et feront leur première rentrée bientôt (Oui, il y a une école classe unique au village) celui-ci a eu un bel article sur une page du journal régional ... Est-ce cela qui a donné l'idée à 4 couples de racheter les fermes abandonner et de leur redonner vie ?
Et hasard ou ......... des retraités anglais ont racheté le "château" (nom pompeux pour une vieille demeure et un parc), et les magasins, restaurants, boutiques animent la grand'rue : pizzéria (de vrais italiens)  vêtements et souvenirs asiatiques ... et Djamila a réussi à convaincre son mari et maire de proposer des petits plats de son Maroc natal. Une famille de cambodgiens a fait une demande pour une parcelle avec une vieille grange ...

Monsieur le Maire boite encore beaucoup, Djamila va bien et toutes ces dames s'activent pour préparer la 1ère "ête de l'été"   sur la place du village.

Ah, j'oubliais : Aurélien est aujourdhui 1er adjoint, élu à l'unanimité et Maité a toujours plusieurs enfants qui la suivent partout : c'est tellement bon, les goûters à la ferme, et les bons fruits, c'est tellement bien de caresser les agneaux, les chatons, les chiots, de se promener sur le poney et .... d'aller en douce chaparder quelques petits pois tout croquants, une fraise ou une petite carotte nouvelle !!!

Voilà. Le village où l'on jugeait les nouveaux venus à la couleur de leur peau, ou à leur nom est devenu le village "Arc en Ciel"



J'ai découvert ce texte en nettoyant l'ordi de Fabrice .... il n'était pas tout à fait fini ... alors, j'y ai mis ma patte et le voilà :
UN CADEAU DE NOTRE MATOU, MINOU, FABRICE de l'au-delà
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