LUI
Il était une fois …. ou plusieurs fois …. deux êtres qui, au premier abord, ne devaient pas se rencontrer.
Ils vivaient sur deux planètes si éloignées … ou si proches l’une de l’autre qu’ils auraient pu se bousculer sans se voir.
Comme dit la chanson : « on choisit pas ses parents , on choisit pas sa famille …... » André n’avait vraiment pas choisi le bon nid … Il eut beaucoup d’heures sombres en son enfance …une sœur aînée …. un père absent dès son jeune âge : déçu de sa naissance, il préféra quitter sa femme presque aveugle . André se souvient d’un autre homme, et une autre petite fille agrandit la famille.
Quelques mois, et c’est à la DASS qu’il finit par attérrir, laissant mère, beau-père, sœur et demi-sœur. Et ce fut dans d’autres nids qu’il grandit, au gré des placements ….
De temps à autre, la maison, la famille ….. Oui, beaucoup de non dits , de cris, beaucoup de larmes étouffées ou hurlées et pas mal de mal-amour !
Courts passages « à la maison » : là, il voyait sa mère et ses sœurs. Il y vivait comme entre parenthèses, dans la tension, les cris, les silences aussi … absence ou présence cruelle ?
De son père, il se souvient d’une fête foraine, quelques heures volées au temps, vers ses 10 ans …. Mais depuis longtemps déjà, il n’était plus à la maison . Ce père est mort peu après ….
André grandissait, non, le temps ne s’arrête jamais. Il décide de rompre définitivement avec sa famille de naissance. Il est placé dans une famille nourricière, où il se retrouva un peu un goût de famille …. Beaucoup de travail, mais de l’humanité : Il les appelait Mam et Papy.
15 ans : Certificat d’études réussit !
On lui demanda :
- Que voudrais-tu faire comme métier, plus tard, ?
- Électromécanicien, boulanger, chaudronnier …..
Pourquoi demander ??? …. L’administration le plaça dans une école pour se préparer au CET de l’automobile !!!
En un an, il appris à changer les pneus d’une roue de voiture !!!
- Bon, tu vas suivre une formation …… d’ouvrier boulanger !
Et c’est ainsi qu’André vécu dans le « blanc de la farine » ! Pas un pain qui ne lui soit étranger, et les brioches, les croissants …… changeant de patron, de ville, de région, de compagnons …
Oh, il ne dit pas qu’il a été malheureux dans ce travail … mais il a du apprendre à dormir le jour, car, à cette époque la boulange se faisait de nuit : « chaud les croissants ! Frais le pain ! »
Quand les contrats suivaient tout allait à peu près bien … travail épuisant, vacances Club-Med, vaille que vaille les années passaient ….
Il y eut aussi les temps de « vache maigre » … pas de boulot, déprime, problèmes familiaux graves problèmes divers….. et les crises existentielles qui parfois le conduisaient au bord de la folie … petits boulots, la rue …. jamais d’alcool, ni de drogue … seule la cigarette lui tenait compagnie.
Et la mise sous tutelle, qu’il demanda lui même, car en un moment de lucidité il comprit : ça ou le suicide (déjà essayé et raté!) ……
Le travail, et les minuscules appartements ….. la télé, un ordinateur ….. vie de célibataire … vie ou non-vie ?
De jour en jour, il allait plus mal … et un jour, semblable à tous les autres …. il se retrouva à l’hôpital , avec un taux de sucre qui aurait du le mettre en coma … mais il était lucide.
Arrêt du travail, « visite de la France » à travers ses hôpitaux, ses maisons de soin, de rééducation alimentaire : Il lui fallait perdre beaucoup de poids et retrouver le goût de la vie.
Pour tromper le temps, ce temps qui fuit et laisse parfois un quelque chose d’amer, il se mit à jouer aux courses. … Oh ! Il ne jouait pas de grosses sommes, quelques francs, puis, quelques euros …. jusqu’au jour où il se crut très riche : il avait gagné une belle somme ! … Il se fit plaisir avec une voiture, des meubles …. et il plaça le reste … en se gardant une belle somme pour « faire plaisir »
Il aimait aussi jouer à des jeux gratuits sur le net. Ainsi découvrit-il un site où il sentit quelque chose de différent.
Ce qui est bien avec internet, c’est que l’on peut se créer une image : il devint un bon gros chat, qui savait aussi lancer la patte pour exister !
Il y rencontra des profiteuses, qui avaient senti de loin sa gentillesse, sa faiblesse aussi … Il y rencontra aussi des ami(e)s, des vrai(e)s … virtuelles et réelles !
C’est là, sur ce site de jeux qu’il trouva ce qu’il cherchait … il l’attira pour sa jovialité, son accueil. André s’y fit des ami(e)s virtuel(le)s certes, mais présents … fidèles et qui ne savait rien de lui, … sinon qu’il était lui ….
Son argent lui brûlait les doigts : il donna à certaines qui ne le méritaient pas, il changea quelques meubles de son minuscule studio, il changea sa voiture … et il lui vint une idée !!!
Noël approchait, et sur son site de jeux flottait déjà un air de fête ! … « et si j’organisais un concours de Noël, avec des lots ? Me mettre un peu dans la peau du Père Noël ? »
Ainsi fut fait.
Les histoires de Noël gagnantes ? - ce sera une autre histoire ! … Pourquoi pas ?
Mais dans les 3 gros lots, il y avait un prénom : Marie !
Ah, si, une chose encore : il devint modérateur d’un forum.
LE LECTEUR : « hé, toi qui écris, tu nous as parlé de deux êtres … il est où, le deuxième ? »
ELLE
« on choisit pas ses parents , on choisit pas sa famille ... » Marie arriva bien après son frère et sa sœur …. La guerre sépare les familles, les êtres qui s’aiment, et parfois, quand vient le retour de l’homme du foyer, tout devient plus difficile ! La mère avait pris de nouvelles habitudes, avait du travailler, se battre pour nourrir ses deux enfants. Elle aimait son mari, mais se voulait maîtresse du foyer. Elle guettait son retour avec hâte et angoisse …. Enfin, il arriva, avec les derniers prisonniers. 6 longues années s’étaient écoulées.
Le papa avait laissé 2 bébés : une petite fille de 2 ans et un bébé de quelques mois
… Le temps est cruel et ne s’arrête pas, le temps de laisser au papa de voir grandir ses enfants !
La plus grande de 8 ans le regarda, se laissa embrasser, ne lui dit rien, et retourna à son dessin …. le garçonnet de 6 ans, quand « l’homme » voulu le prendre dans ses bras, se mit à hurler …. sa maman le calma, expliqua et alors le petit dit, en reniflant : « bonjour, monsieur papa ! »
Et le papa voulut connaître la joie de voir grandir un enfant … la mère ne désirait pas d’autre petit … mais à cette époque, l’homme était maître en la matière ! Ainsi, après une fausse-couche, un jour d’été, Marie pointât le bout de son nez – elle faillit naître au milieu des haricots que sa mère ramassait ! -
Une ferme ! Un paradis pour une fillette. Jusqu’à ses 7 ans, elle vécut ainsi, heureuse, au milieu des animaux …
Certes, il faisait froid dans le grand lit, mais maman dormait avec elle ! Là-haut, dans la chambre « d’été », papa serrait contre lui les aînés, dans un seul lit et une pièce sans aucun chauffage. Elle ne connaissait que le bassin à l’eau gelée, l’hiver : on cassait des plaques et on les faisait fondre sur le fourneau pour la toilette … et les repas. Marie ne voyait pas que sa sœur partait de plus en plus souvent, que son frère n’était pas là l’été …. Ils grandissaient, ados, grands ados ….
Elle ne vit rien venir : papa chargea 2 chars à foin, loua des chevaux et elle se retrouva dans une maison étrangère ! On lui dit : « c’est merveilleux, ma petite fille, une maison à nous ! » (payée en partie avec l’héritage des grands parents, mais les traites vont peser lourds dans le budget familial !) La maison est vieille, froide et surtout, Non, ça n’est pas SA maison …. un à un, elle ramena ses quelques jouets à la ferme, qui fut bientôt détruite …
Les grands partirent, se marièrent … Marie se retrouva marraine : elle adorait sa filleule et passait ses vacances avec elle.
Marie admirait et aimait tendrement son papa … mais elle l’ avait toujours connu un peu malade. Il était employé à la ville, comme jardinier … Maman, mère au foyer, se débrouillait avec un tout petit salaire …
Marie a 15 ans et papa est à l’hôpital.
Ce samedi, elle était arrivée en courant, heureuse de le voir.
Dès le hall, une infirmière l’arrête : « Non, Marie, pas aujourd’hui , on va te reconduire en voiture »
A la maison, maman est en pleurs, son frère et sa sœur sont là, ainsi que leurs mari et femme …
Papa est mort …. papa est mort ???? ce n’est pas possible … elle doit le voir, lui dire ……
L’enfance a fui, les câlins, les bisous, les confidences … envolés ….. où ?
Et une autre vie va prendre la place. Une vie où Marie est en conflit perpétuel avec sa mère qui est maintenant handicapée et diabétique et ne fait que peu de chose à la maison …
Elle a 15 ans, mais il y a la chaudière à remplir de charbons pour si peu de chaleur, le ménage, la vaisselle ….
Elle a les mains noires, mal habillée (vêtements de sa sœur), ne peut pas sortir s’amuser (du travail à faire) … « occupe-toi, ou tricote, couds ! » on se moque d’elle : mépris, mauvais regards ….
A l’école, elle renonce, redouble après la 5è , la 3è : normal, elle n’ouvre plus ses cahiers, seul le français et le dessin trouve grâce à ses yeux.
Finis les étés de jeux, de soleil, de lecture, de peinture et de rêve.
Elle travaille à chaque vacance : Pâques, été et puis…. école … lycée … Pas un sou en poche, sa mère lui prend tout ( Oh, elle sait que c’est comme ça, il faut vivre … les dettes, le charbon, les impôts) Sa mère loue même leur appartement l’été, ne gardant que séjour, salle de bains, elle, dort à la cave, une minuscule pièce qu’elle a bricolée.
20 ans … personne pour lui souhaiter son anniversaire, pas maman, non, personne.
Elle se laisse emmener vers la vie : un« vrai » travail, dans un bureau - elle voulait être institutrice -
21 ans : La majorité, enfin un peu de liberté. Et quand sa mère tend la main pour recevoir son salaire, Marie ose lui dire NON ! Je te payerai une pension, mais c’est MON salaire et MA vie.
Une vie entre parenthèse, enfermée dans sa chambre …. Les autres filles sortent, dansent, vont au cinéma, dans des « boums » …
Une fois, une seule fois, elle a été au ciné avec son seul ami, puis, ils ont bavardé dans la voiture. Quand elle tourna la clé de l’appartement à minuit : sa mère était par terre depuis 20 h…. très grosse, n’arrivant presque pas à marcher, elle était tombée et n’avait rien pu faire d’autre qu’attendre !
Marie ne sortit plus, ne rêvait plus … dodo , boulot, manger, bonjour, bonsoir … Le temps égraina 5 années …. routine …. pas malheureuse, mais …. à quoi servait-elle ? Quelle serait sa vie ? Silence !
Sa mère prit froid, le docteur la fit entrer à l’hôpital, par précaution …
Ce samedi, Marie était restée auprès d’elle et miracle, sa mère avait parlé de son enfance, de son mari, de la guerre, elle avait pleuré, s’était excusée … Marie, elle aussi s’était confiée !
Mère et fille se trouvaient enfin ! … Elle quitta ce monde à 21 h, en paix, sourire aux lèvres. Jamais elle n’avait été si belle aux yeux de Marie … Elle s’empressa de prévenir son frère et sa sœur.
Une autre page à tourner, une autre vie, un autre chemin. qu’allait-elle faire de sa vie ? De tout ce temps ? -trop tard pour enseigner, mais l’envie d’être auprès d’enfants la tenaillait.
Essai : Maman dans un village SOS villages d’enfants : trop dur … un peu d’engagement « politique » lui fit découvrir une réalité autre : ces hommes, femmes , enfants, venus d »ailleurs » :
aides aux devoirs, alphabétisation, accompagnements divers ….
Un bras cassé, une infection, 2 ans d’arrêt de travail … hôpitaux, maisons de rééducation, maison de repos … Et la route bifurque encore : un engagement « en Eglise », rencontre, oui, rencontre avec celui qu’elle avait voulut toujours fuir, en révolte : Dieu Père Amour, Jésus, fils donné, offert aux hommes, et Marie, son OUI … vie laïque et parfois communautaire, cathéchèse, de plus en plus de responsabilités, préparation des confirmants … des moments de vie riches et intenses ….
Le diable veillait-il, lui aussi ? Elle retrouva son innacessible amour de jeunesse, et rompit ses engagements. Croyant faire ce qu’elle devait, en sincérité, vérité … et déchirement …
Marie vécu avec son bel Amour – enfin, non, à coté – à chacun son étage – et lui recevant ses jeunes amants, elle acceptant la chose ….
Mais ça ne pouvait pas durer … Il délaissa Marie, se mit à haïr la maison, Marie, la petite chatte même … Marie lui donna un ultimatum : d’ici 3 mois, nous n’avons plus de maison ! Signe !
Il ne voulait pas ça …. mais Marie étouffait : rien n’allait, ni le travail, ni ses engagements, ni sa vie.
Proche de sa sœur (après un temps d’éloignement, elles se retrouvaient, complices) un beau frère qui aimait trop l’alcool …. et 4 enfants qui se suivaient en âge. Marie aimait à les gâter. Sa sœur, instit, inventait des petites pièces de théatre que les écoliers jouaient en fin d’année. Marie créait les costumes !
Proche aussi de son frère qui travaillait dans la même entreprise qu’elle. Une petite belle sœur qui aurait pu, qui aurait du devenir sa confidente … Hélas … les évênements firent que Marie entra en conflit avec elle. Là aussi naquirent 4 enfants, mais éloignés de 4, 6, 8 ans … Marie s’en occupa aussi beaucoup …..
Vie en rétrécit, elle ne cherchait pas la rencontre … les années passaient, semblables et différentes :
La mort de son frère la blessât jusqu’au fond de son âme : mauvais cancer, souffrances … pourquoi ? Son dernier avait 15-16 ans : Elle savait ce qu’il vivait …
Pour tromper le temps, ce temps qui fuit et laisse parfois un quelque chose d’amer, Marie se mit à jouer … non, pas aux jeux d’argent, mais la découverte d’internet lui fit découvrir un site de jeux. Et là, Marie se sentit bien ! jovialité, accueil. Elle s’y fit des ami(e)s virtuel(le)s certes, mais présents … fidèles et qui ne savait rien d’elle, … sinon qu’elle était « un animal bizarre immaginaire » Ce qui est bien avec internet, c’est que l’on peut se créer une image : elle devint un personnage qui existait pour elle-même ! Elle devint même grande amie avec son jeune web, confiance partagée, ils se firent de même famille … n’habitant pas loin l’un de l’autre, ils se rencontraient régulièrement …. Modératrice du forum jeux, elle l’anima avec joie, créant des jeux (sa passion) apportant (elle le sentait) joie et dépaysement … Elle devint aussi amie de coeur avec un « chien fou », qui s’investissait de plus en plus dans le site.
Les modérateurs du forum formaient une team qui s’appréciait, s’aidait, partageait joies et peines.
Aussi, Marie eut une idée : organiser une rencontre d’un week-end web-modérateurs-et ceux qui le voudraient. Web était timide, jeune, il n’osait pas s’engager à rencontrer « en vrai » SON équipe !
Mais un beau jour, Marie, toute de joie, entendit : « Alors, on se la fait quand, cette rencontre ? »
2004 ! Ainsi fut fait : et la rencontre fut une réussite : on se débrouilla avec peu de moyens, chacun amenant une spécialité de sa région à faire découvrir aux autres. Le « Chef de la Team » CyberT était là, lui aussi heureux, car très seul, Marie anima la rencontre, créa des jeux avec des petits lots, les amitiés se renforcèrent …. quelques inimitiés se découvrirent aussi … c’est le jeu de la vie !
EUX
LE LECTEUR : « ah !… enfin ! »
Mais que s’est-il vraiment passé ce jour là ? Ces deux êtres qui, au premier abord, ne devaient pas se rencontrer, qui vivaient sur deux planètes si éloignées … ou si proches l’une de l’autre qu’ils auraient pu se bousculer sans se voir, se rencontrèrent pour la première fois.
Certes, ils s’étaient parlé au téléphone, se trouvant beaucoup de points communs, célibataires vrais, plus tout jeunes, et s’ils étaient encore plein de vie, ils se sentaient si peu heureux que rien ne semblait pouvoir les rapprocher.
Et pourtant, ils se virent, se reconnurent, il y eut des regards échangés, et le soir, quand Marie, morte de fatigue, voulut assumer encore son rôle d’hôtesse, André lui dit : »Non, tu as besoin de te reposer, Cyber ramenera ta voiture, Toi, tu rentres avec moi !
Elle ne put dire un mot, et s’assit à coté de lui. Elle le regardait en coin …. Il la déposa à son immeuble en lui disant « repose-toi ! » … une bise et le voilà partit !
Le lendemain, ceux qui le voulait restèrent, partageant les restes, et André prit la route vers son lieu de vie… de non vie …
Mais, très vite, très très vite, il y eu de nombreux coups de fils …. se raconter, désir de se revoir …
Marie, si timide d’ordinaire, dit « et si tu venais passer quelques jours à l’appart ? » il y a de la place …. Pourquoi avait-elle dir cela ? …. quelques minutes avant, elle n’y pensait pas !!! …
C’était un vendredi, et il dit OUI, je viens. Elle guetta ses appels : je suis à ……, et là, j’arrive à ….. Marie lui dit : « je t’attends, je t’aime ! »
Cadeau de la Vie, cadeau du Ciel ? Merci !
Un vrai « coup de foudre », l’éblouissement, la joie de l’attente, et puis qu’il soit là … être là, ensemble …
Juillet 2004 : Et André s’installa dans l’appartement de Marie. Un triste Dimanche, le teléphone sonna : Marie entend encore son neveu lui dire : « il n’y aura plus jamais de bon temps » Oh non ! Pas sa sœur si aimée, ils devaient y manger le le lendemain ! … Le choc de cette mort brutale l’anéantit, mais André était à ses cotés. Dès l’au-revoir de la sépulture, il la décida à partir, s’éloigner ….
Novembre : Ils s’installèrent dans une jolie maison … ils espéraient y rester longtemps …
Ils étaient bien dans cette maison, ce jardin, et André (grâce au net) retrouva une de ses sœurs et renoua avec elle …. Une respiration, un petit cadeau de bonheur !
Et c’est ainsi qu’ils se marièrent en 2005, en grande simplicité … entourés de la famille de Marie, des ami(e)s du quartier et de leurs ami(e)s du net.
Ils firent un premier « grand » voyage ensemble, un tour de France, rencontrant les ami(e)s, la famille et surtout, adoptant leur petite chienne et leur adorable chat, qu’ils ramenèrent « à la maison ». Ils en confièrent la garde à Papy et Mamy le temps d’un petit voyage en amoureux…
… Mais quand le mauvais sort s’en mêle …..
Ils n’ont plus eu assez d’argent pour assumer les frais de la maison, et puis, l’air est humide et les vieilles douleurs se réveillent : il faut trouver un endroit plus chaud, plus doux ! … Plus au sud, mais pas les bords de mer, trop chers …
Ils vécurent des expériences heureuses, et malheureuses : une maison de village qui sentait bon le tilleul, mais trop éloignée en campagne. André fit un infarctus ! …. Ils décidèrent de rejoindre la ville.
Les années passant, André a de plus en plus de problème avec son dos… et un genou.
Et arrivent les années galère !
2009 : un chirurgien de clinique refuse l’opération
2010 : 1ère pose de prothèse … et 1er staphilocoques … réouvert, lavage, pose d’une nouvelle prothèse …. repos et rééducation ….
Jusqu’en 2016, il comptabilise 6 opérations du même type ….
Leur vie s’effiloche d’un coté, de l’autre : 1 tel par jour, nouvelles toujours semblables … Marie ne sort plus que pour quelques courses : il faut bien vivre … et manger ! …. Combien de jours passés ensemble ? Ils ne comptent plus, le fleuve coule …. emporte les heures, les jours …. Marie essaye de s’accrocher, mais anémie, fatigue, cafard, déprime …. André à la maison de temps à autre … et retour à l’hosto. Notre petite chienne nous quitte elle aussi …
Un seul rayon de soleil : les retrouvailles avec la sœur et le frère d’André. Marie a une belle sœur toute nouvelle, avec qui elle s’entend bien et peut échanger … ça fait du bien !
2018 : combien de jours ont-ils vécu ensemble ? Marie ne sait pas, ne sais plus …
août 2018, hôpital: encore une prothèse, rééducation …
ils parlaient de retour, faisaient des projets …. André, après xxx opérations du genou, prothèses, infections, re-ouvertures, nouvelles « saloperies » plus résistantes encore croyait encore à l’impossible … cette année là, il est passé entre les mains de 3 chirurgiens différents.
Et les toubibs, qu’espèraient-ils ? … ils l’envoyèrent dans un centre de rééducation et de surveillance ! … Oh oui, quelle bonne idée !
Elle, elle y croyait, elle attendait, confiante …. Puis, un soir …. un mauvais soir, le téléphone a sonné : un pompier lui murmura à l’oreille : « nous emmenons votre mari d’urgence. Il est dans l’hélicoptère … Il est entre la vie et la mort, c’est grave ! …. mais nous ne pouvons pas vous en dire plus ce soir ….. Appelez l’hôpital demain ! »
Elle ne dormit pas de la nuit … maudissant le ciel et priant le Seigneur tout à la fois … ne pas savoir : y a t-il chose de plus cruel que ça ?
Et vers qui crier secours, aide, réconfort ? …. impression d’abandon, de vide, d’extrême solitude.
Enfin le matin ! Elle sut : septicémie.
28 sept 2018 ; EMI (expérience de mort imminente) … il était vivant ! …
Au tel, il ne reconnut pas Marie, délires, ailleurs ...
Quelques jours plus tard, il lui dit : « tu sais, j’ai vu le tunnel, j’ai vu des gens, je me suis vu, ils m’ont renvoyé …. je t’aime ... »
année 2019 … Amputation : promesses du chirurgien que tout serait pour le mieux et qu’après une rééducation, André marcherait !!!
2020
André est à « la maison » en fauteuil roulant, amputé d’une jambe, un dos abimé, un ulcère à l’autre jambe : impossible de faire plus de 10 pas avec sa prothèse
…. Il parle de fauteuil électrique ….
Il se sent « en prison » …. Des mois et des mois à tourner dans l’appart : du lit au feuil, du fauteuil à l’ordi, des endroits trop étroits pour passer …
Il devait voir pour des pantoufles, arranger sa prothèse (plus guère adaptée) mais …
Quand ???? tous les rendez-vous annulés.
Marie est sous pompe à insuline : de ce coté, tout va bien …. mais les 2 semaines passées à l’hosto ont révélées une chose imprévue, incongrue ! Une masse de plus de 9 cm/4cm fixée sur la crête illaque droite ! Depuis quand ? Mystère ? Dangereux ou non ? Pas de réponse … Elle attend …. et c’est usant, l’attente !
Une biopsie a été faite, mais n’a rien révélée ….
il faut aller plus profond, à la base, pour prelever … et décider de la suite : Opération : oui, mais quel but et quelles suites ?
Et quand on ne sait plus rêver l’avenir, quand on ne sait plus si, demain … on se tait, on se terre, on fait semblant … et on attend …
Le temps s’accélère ou ralentit, c’est selon …. le temps est vivant et il se rit des humains ! Chacun sa route, chacun son chemin ….
Une suite reste à écrire (ou à inventer?) …. mais … ce sera une autre histoire …. ou une fin ! ...
Petite suite …
3 mai : Marie ne sait pas ce qui lui arrive …. Mais une grande peur s’écoule en elle !
Pas bien depuis quelques temps, des douleurs dans les articulations... Elle a de plus en plus mal, les membres, la tête …
Ils mangent tôt, vers 18 h, diabète oblige ... Pas faim, elle se force un peu...
Mal, très mal à la tête..
Lui, André, a préparé le repas, il se sent libre de rejoindre son ordinateur …
Marie titube, mais il faut faire la vaisselle .. elle s’accroche, mais se met à trembler et à convulser...
Elle réussit à rejoindre son lit, s’étend, mais tous ses muscles tremblent, elle ne peut plus faire un geste !
André, ordi, casque.... Elle croit appeler fort, mais ….. Enfin, il entend, prend peur lui aussi et appelle le SAMU.
La peur, la douleur, tous les os s’entrechoquent, les dents qui claquent ….. Mon Dieu, pitié !
Vers 19h30-20h : soit 20 mn plus tard, le Samu arrive : Température 40 et 4 dixième. Mots de tête, toux. … Aie ! … Et on se dit : voilà, je suis rattrapée par cette sale bête !
Pas la peur, non …… juste incompréhension et révolte …. Et …. Peur de laisser André tout seul ! … Son chat la regarde, les yeux exorbités …
Ambulance en situation « suspicion de Corona » … tente stérile, lumière bleue, masque, gant, chaussons ….
Hosto. Urgence spéciale Coronavirus : examens prise sang, analyse d’urines etc...
Perfusions de Doliprane …. Peu à peu, Marie se sent mieux, elle peut respirer, bouger …
1er résultat : non, pas de Corona (ouf), mais une grosse infection.
Perfusion d’antibios. Il y a des germes dans les urines ; En fait. Elle a une grosse infection urinaire …..Il faut faire une culture pour les germes urinaires … et ça prend beaucoup de temps ….
0h30 : Marie rentre « à la maison », avec une ordonnance, des antibiotiques …. Visite obligatoire vers son médecin traitant dans les 72 h. "l'ambulancier lui dit : Madame, votre mari est perdu sans vous ... Il faut vous accrocher !" ... Comment sait-il ? il ne les avait jamais vu ?
Ce que les urgences n’avaient pas remarqué sur la prise de sang, c’est que le fer était (à nouveau) très bas => la grande fatigue de Marie !
10 mai : Elle va un peu mieux … arrive à marcher sans trop de vertiges ni douleurs, retrouve un peu la mémoire, les souvenirs … Encore dur … et dur aussi le moral !
Elle sait qu'elle aurait pu mourir, mais André a trop besoin d'elle ... Elle organise sa vie en conséquence : penser à tout ...
LE LECTEUR : Bon, alors, ils s'en sortent ou pas ? ça traîne, ça traîne ...Patience .... la vie continue ... 17 août 2020
ELLE : Je viens de me réveiller d'une bonne sieste .... nécessaire pour étendre ma lessive !!!
hé oui ! ... cette fois je paye la moindre fatigue ....
Vivement le 8 septembre, la nouvelle IRM (les oncologues de Marseille, après les divers examens(dont 3 ponctions en profondeur sous scanners) et diverses réunions de spécialistes, rien : ils ne savent pas ce qu'est cette "tumeur de plus de 9 cm sur 4 sur la crête iliaque???" et donc, on recommence tout !!!
La décision du chirurgien se fera alors selon ce qu'il voit sur les clichés (mal pris à l'origine) et selon la raison à cette grosseur, il prendra une décision ! ..... il ne sait pas s'il va opérer (s'il ne sait pas ce que c'est ....)
je lui amènerai en plus des radios de genoux pas terribles ... Mais, ..... ça va passer, d'une manière ou d'une autre, ça va passer ! - rien n'est jamais statique ! il y a toujours une solution - pas toujours celle que l'on voudrait, mais .... j'ai confiance et je me mets dans les mains de Celui en qui je crois!)
Et puis, la vie nous réserve parfois de belles surprises : nous avons vécu hier une journée de joie et ça, ça aide beaucoup, ça n'a pas de prix ! journée avec E. ma belle-soeur (soeur d'André)) , son mari et 2 de ses petites filles, qui sont adorables ...
Merci à eux, car ils ont fait un détour de plus d'une heure pour venir nous voir ! et ils sont venus les bras chargés d'un repas délicieux !
Ils sont déjà venus et reviendront, je le sais .... Entre nous, Face de Bouc marche bien ... le téléphone aussi !!!
Bref Merci E. 🥰
Continue à me faire sourire par tes blagues "parfois foireuses" sur FB, mais un sourire, un rire, ça vaut de l'or à l'heure actuelle où nous subissons un confinement non désiré !
(Plus d'un an qu'A ne peut plus sortir pour une balade, un restau , un petit plaisir ...)
Nous espérons qu'une solution sera trouvée après mes déboires ... et ceux d'A
Sans doute (encore) un déménagement .... un dernier ...
Heureusement que nous sommes tous les deux ( non 3, j'oublie le chat, malade lui aussi).
Coup de gueule parfois, mais l'amour est toujours là, et souvent, si nous ne pouvons exprimer notre Amour avec nos corps, nos yeux nous disent tellement de choses !!!
C'est aussi ça, vieillir ...
Mais A. n'a que 64 ans 1/2 ...
Mer 24 Nov - 10:07